28 mars 2007

Dans le désespoir, il y a toujours Ti-Pod.

Il fait encore noir à sept heures quand je sors pour inspecter mon équipement. Je commence ma journée en me refermant la porte de Fuego sur le doigt, mais je retiens mon cri de douleur en redoublant d’ardeur à l’inspection. Quand je me penche sous la remorque pour déceler des anomalies, rien, mais en me relevant la tête : bang! La remorque était encore au-dessus. Cette fois, je ne peux étouffer mes sanglots comme un vrai camionneur et mes larmes coulent autant que le sang sur mon visage et mes vêtements. Par chance, la coupure est mineure et je diagnostique qu’il n’y aura pas besoin de points de suture et qu’il n’y a que le début de cette journée qui est commotionnée, pas ma tête. Et pour ajouter à mes malheurs, sitôt après m’être changé et lavé le visage avec une lingette, le jus jaune de ma mangue vient accabler ma dernière chemise et mon dernier pantalon propres. En tentant de laver les taches, je les étends et je les rends plus visibles. Bouquets de malheurs.

Il a de ces jours où j’aurais mieux fait de ne pas me lever. Peut-être avez-vous déjà ouvert la Bible, ou je ne sais trop quel autre livre au hasard pour qu’il vous envoie un message d’encouragement. Autre époque, autre moyen. Aujourd’hui, il y a Ti-Pod. Alors, par ce matin d’infortune, je demande à Ti-Pod de m’envoyer des messages réconfortants comme une désespérée en quête d’un signe d’espoir. Ti-Pod est puissant, il creuse sa mémoire, trie ses 3200 chansons et subito presto il entame :

« Pretty Woman…..Walking down the street pretty woman… ».

Qu’il est gentil, mon Ti-Pod! Un vrai chum. Il ne tient pas compte du fait que j’ai un doigt bleu, les cheveux pleins de sang et les vêtements souillés de taches jaunes. Il me trouve belle «pareil» ! Il a un parti pris, mais j’en fais fi. Assommée comme je le suis, j’accepte le réconfort du premier venu qui veut bien panser mes plaies.

Il continue ses bons soins en demandant à Claude Dubois de chanter « J’aurais voulu être un artiIIIIIIIste ». (— C’est un message, c’est un message! Peut-être qu’il faut que je m’achète un billet d’avion pour Rotterdam ou pour RiOOOOO pour y faire mon numérOOOOO! )

Toute ravigotée du soutien moral qu’il me témoigne, je recouvre mon sourire quand il entonne le 3e morceau, avec un fond de tchique-tchik tchique-tchik tchique-tchik tchique-tchik typique du country, Willie Lamothe s’égosille (— veux-tu bien me dire qui t’a mis ça dans la tête toi?) :

Ma vie est un long chemin sans fin
Et je ne sais pas très bien ou je m’en vais,
Je cherche dans les faubourgs et les villes,
C’est dans l’espoir d’accomplir mon destin.

Mile après mile je suis triste,
Mile après mile je m’ennuie,
Jour après jour sur la route,
Tu ne peux pas savoir comme je peux t’aimer.

Chaque mile que je parcours semble inutile,
Je cherche toujours sans rien trouver,
Je vois ton visage qui me hante,
Je me demande pourquoi je t’ai quitté,

Mile après mile je suis triste,
Mile après mile je m’ennuie,
Jour après jour sur la route,
Tu ne peux pas savoir comme je peux t’aimer.

Un jour quand mes voyages auront pris fin,
Et qu’au fond de moi j’aurai trouvé,
Cette paix dont je sentais le besoin ¸
À ce moment je pourrai m’arrêter.

Mile après mile je suis triste,
Mile après mile je m’ennuie,
Jour après jour sur la route,
Tu ne peux pas savoir comme je peux t’aimer.

Ti-Pod est tout puissant, je vous le dis! Vous faites le test? Il vous dis quoi votre Ti-Pod? Si vous avez un blogue, je vous mets au défi de faire un billet sur ce sujet. Il vous fait jouer quoi au hasard.


Avertissement : Parfois, ça ne marche pas, Un jour que j’ai fait la même chose, Ti-Pod m’a fait jouer «Fat bottom girl», que j’ai traduit par fille à gros cul. S’il m’avait mis ça se matin, je crois que j’aurais fait comme les caphards qui se garochent dans mon pare-brise ;c).

Quand les cafards ont le cafard.

Lorsqu’à 22 heures et quelques minutes, Raymond Archambault a annoncé que le Québec sera gouverné par un gouvernement libéral minoritaire et que l’ADQ serait le parti officiel de l’opposition, 25 gros cafards se sont suicidés dans mon pare-brise. Je ne vous mens pas, je vous le jure. Tac tac tac tac (enfin, vous comprenez, 25 fois tac).

Les cafards ont eu le cafard et ont semé le capharnaüm sur ma vitre.


C’est un signe, je vous le dis! Appelez les liseuses de poches de thé qu’elles nous fassent une analyse de notre avenir!

23 mars 2007

La renaissance

Lundi, j’ai quitté Montréal encore tout enneigée après une tempête, j’ai eu peine à sortir ma voiture du banc de neige. Même si c’est toujours difficile de quitter la maison après seulement deux jours de repos, j’étais contente de laisser la neige dans mon rétroviseur. Depuis lundi que nous travaillons comme des chevaux de tir sans jamais avoir le temps de vraiment nous arrêter. Nous sommes allés à Lawton au sud d’Oklahoma City et sommes revenus vers l’Ontario et là maintenant, on repart avec des pneus à livrer à la frontière du Mexique à Laredo. Nous devrions y être dimanche pour livrer lundi matin.

C’est à Oklahoma City le 21 mars jour de printemps que je savoure mon premier sentiment d’été. Vers 19hrs, je sors remplir Fuego de carburant, une brise chaude souffle sur mes bras que je n’ai pas pris la peine de couvrir. J’enfile mes gants de travail en silicone bleu tout souillé de graisse et je m’appuie sur le pistolet pour faire le plein de carburant, mais c’est l’impression d’été qui me remplit de sentiments bourrés de souvenirs estivaux. Je la laisse m’envahir doucement et je savoure ce moment de bonheur si privilégié. D’où vient cette impression si agréable? Peut-être est-ce à cause des bourgeons éclatés ou bien des fleurs roses et blanches épanouies dans les pommiers, peut-être aussi à cause du soleil radieux ou des fleurs mauves qui tapissent les parterres ou bien des jonquilles qui égayent les sorties d’autoroute, ou un peu la faute des passants aux lunettes fumées en bermudas, peut-être est-ce aussi à cause de la chaleur qui irradie de la chaussée, ou peut-être est-ce un peu à cause de tout cela à la fois. Quoi qu'il en soit, c’est agréable de sentir la renaissance après une longue hibernation et chaque année, ça me fait le même effet de reviviscence. Je savoure mon premier soir de sensation d’été au mois de mars.

Et à vous, Nordiques que vous êtes, je vous souhaite cet envahissement estival le plus tôt possible! Ça vous fera du bien! L’été au Québec, ce n’est pas avant le mois de juin!

La fête du Yul et le lancement de livre des 3 blogueurs vedettes

Peut-être avez-vous entendu parler du lancement de livre des trois blogueurs vedettes du Québec? Cet évènement était jumelé au 7e anniversaire du rassemblement mensuel de blogueurs de Montréal. Ce n’est qu’aujourd’hui que je trouve le temps de vous mettre mes impressions alors que des dizaines de blogueurs l’ont déjà fait sur leur propre carnet web.

Ma soirée a débuté avec le gentil
Photomax qui est passé me prendre avec sa belle Volvo. À notre arrivée, il y avait beaucoup de monde comme en témoigne sa prise de vue faite vers 18 h 15. Au plus fort de la soirée vers 19hrs, il y avait bien plus de 100-125 personnes. (Je soupçonne Mère indigne d’avoir une très grosse famille et beaucoup d’émules ;c) ). Ça jasait fort et c’était la cohue pour obtenir les signatures des 3 vedettes, j’ai dû attendre 45 minutes pour avoir les miennes. Je n’ai pas eu le temps de voir les fameux Jean-Louis et Père indigne. Je considère cet évènement comme un moment historique de l’évolution de la blogosphère qui change à la vitesse grand V. Qui aurait cru que l’on repêcherait des auteurs sur les blogues et qu’on les verrait moins d’un an plus tard avec des dizaines de personnes faisant la queue pour obtenir une signature. En très peu de temps, ces trois blogueurs sont devenus de véritables vedettes et ce n’est qu’un début pour eux. (300 livres vendus pour la soirée au total)

Dans la foule, j’ai eu le temps d’avoir de plus grands échanges sympathiques avec
Patrick Dion et sa blonde, Daniel qui chante mal, mais qui écrit pas mal mieux, Dominic Arpin, Geneviève Piquette, Chroniques Blondes, Prof Malgré tout, Martine Pagé et Photomax.

Quelques blogueurs du soir sont arrivés plus tard, j’ai croisé
Célibataire urbaine alors que la soirée était presque terminée, elle a bien essayé de faire lever le party en dansant et sautillant partout, mais voilà, nous, les plus vieux, on préférait parler, bien assis sur nos tabourets un verre à la main. Parait que le Barman blogueur est passé, mais il relate que la soirée était plate à 23 h et qu’il n’y avait que 4 voitures dans le stationnement… Mais c’est que c’était un 5 à 7… pas un minuit à 3! Je leur laisse le reste de la nuit, car après tout, n’en sont-ils pas les spécialistes?

Si je ne suis pas morte de faim, c’est aussi grâce à
Patrick au coco duveteux, parce que nous voyant affamés dans ce lieu où l’on ne servait que de la bière, il a commandé de la pizza. J’ai littéralement sauté mains jointes dans la pizza quand elle s’est pointée, d’ailleurs on m’a discrètement fait sentir qu’il fallait que j’en laisse pour les autres. (J’ai comme eu honte tout à coup…).

Le flash de la soirée : Les blogueurs ont une forte tendance à tout prendre photo et à filmer. Certains diront qu’on s’extraie d’un moment sans vraiment le vivre. Mais lors d’un «combat de flash» tout a fait improvisé et au lieu de nous extraire d’un évènement pour le prendre en photo, nous en avons créé un dans l’hilarité générale. Même les trois vedettes, encore occupées à signer leur œuvre vers 21 heures, ont levé les yeux de leur livre pour voir ce qui se passait de si drôle. Autour d’une même table, Martine filmait, Dominic mitraillait de flash, Chroniques Blondes faisait de même et moi, trop crampée pour ne pas trembler en prenant la photo je les regardais à travers mon petit écran de caméra. Il y avait peut-être d’autres personnes qui prenaient des photos en même temps, mais j’étais totalement aveuglée par les flashs pour les voir. Vous pouvez voir la photo prise par DOA ici. C’était vraiment très drôle. Vive les combats des flashs! Peut-être qu’on vient de commencer une tradition?

Dominic, en plus d’être consacré «fondant au chocolat» par l’idole adulée de la blogosphère (j’ai nommée
Chroniques Blondes, il faut voir ses admirateurs se mettre à genoux et lui baiser la main!), est vraiment un bon gars. Je me demande si j’en ai connu des plus fins. J’ai profité de son extrême bonté et de sa grande générosité : je lui ai demandé de surveiller ma sacoche pendant que j’allais aux toilettes (qu’il avait honte! ). Quand la soirée fut terminée vers 23h30, il a rempli sa voiture de quelques blogueurs qui restaient, Pierre-Léon, Geneviève Piquette et moi. Il a poussé la bonté en retirant le siège de bébé pour faire de la place à Prof Malgré tout. Et comme il est galant en plus, il est venu reconduire les deux filles à la porte de leur maison respective. Et même s’il dit qu’on est sa gang de malade sur son blogue, non, nous n’avons pas été malade dans sa voiture. Il a passé le test de chauffeur haut la main, selon les évaluateurs professionnels de conduite présents dans la voiture: un chauffeur de taxi et une camionneuse!

Depuis que je vais au Yulblog, j’ai côtoyé des dizaines de personnes à qui jamais je n’aurais eu l’occasion (ni même aucun prétexte) d’adresser la parole n’eut été de ces rencontres mensuelles. Le blogue, c’est maintenant prouvé, est un excellent moyen de sociabiliser et d’échanger! Ça crée des liens extraordinaires, chose qui m’était quasiment impossible avec la vie de routière que je mène. La promesse se retrouver les premiers mercredis du mois fait bouger beaucoup de monde. C’est formidable!

La prochaine fois, venez! On va rire!

Mais surveillez-vous, car je viendrai avec des crayons-feutres et des étiquettes… Parce que ça commence à faire pas mal de têtes à retenir!

Sandra

Une promotion pour Dipat!


Que vois-je en faisant quelques travaux de peinture? N’est-ce pas Patrick Dion lui-même? J’ai bien ri quand je suis tombée sur sa photo au hasard d’un dimanche après midi. Le orange et le vert lui donne bonne mine!

T’es chanceux Pat, parce que d’habitude, la Presse fini immanquablement au fond de la litière! Alors c’est toute une promotion de finir en peinture!

14 mars 2007

Fuego à la ferme

La veille, les chevaux de Fuego se sont arrêtés pour écouter ceux de l’écurie et c’est sous une couverture d’étoiles que le silence est venu endormir les deux seules âmes humaines à rester sur la ferme.

Ce matin, quand je tire les rideaux, un brouillard matinal recouvre les lieux d’un voile flottant, le soleil se lève à peine, mais le jour m’appelle pour en profiter.

Je sors du camion en m’étirant et en respirant à pleins poumons et je pars faire le tour du propriétaire. Ça me change de marcher crispée, entre les mastodontes grondants m’observant de leurs yeux menaçants. C’est immense! En fait, ça me prend deux heures à pied pour faire le périmètre du domaine. Je comprends pourquoi les employés se déplacent en voiturettes ou en véhicule d’un endroit à l’autre, ils ne pourraient jamais faire leur travail si non, à moins de monter un cheval. Bientôt, on tiendra une compétition équestre et on s’affaire à préparer les lieux à recevoir des centaines de chevaux venus des 4 coins de l’État.

Une camionnette arrive en trombe, les chevaux hennissent de joie. Une jeune fille dynamique descend en leur parlant joyeusement, ils piaffent d’impatience dans leur stèle. Je souris devant le spectacle qui me donne envie d’aller à leur rencontre.

Quand elle m’a saluée chaleureusement, jamais je n’aurai pu me douter qu’elle n’était pas de l’endroit, tellement elle avait la chaleur géorgienne inscrite en elle. Mais à se mettre à converser, sous le regard attentif de l’attroupement à crinière, on a vite constaté nos accents respectifs.

Dani a été élevée dans la montagne pas loin de Munich. Il y a six ans, elle est tombée amoureuse d’un Américain en service sur une base de l’Allemagne. L’amour les a fait se marier. Son histoire l’a amenée ici, près de Colombus et de la base militaire de Fort Benning. Les vingt chevaux dont elle a la garde la rendent radieuse, ses yeux brillent de passion et elle rayonne comme une Heidi en Géorgie. Pourtant, elle devra tout abandonner dans quelques semaines, pour suivre son époux appelé pour l’entrainement sur une base du Texas. Elle ne parait pas troublée pour autant, elle savait dès le départ dans quelle aventure elle s’embarquait. Bien au contraire, elle me fait part de son emballement : il y a des chevaux au Texas, et la famille de son mari s’y trouve. Ils sont en quelque sorte devenus la sienne, parce qu’elle a tout laissé derrière elle en Allemagne pour vivre avec son amoureux. Elle semble avoir pris racine en terre américaine. Elle m’a parlé de son pays où tout y était régulé au quart de tour et où les habitants sont très disciplinés, c’est l’unique chose qu’elle a trouvée à redire des Américains : ils manquent de discipline. J’ai compris pourquoi elle avait été séduite par un militaire. Dani est toujours enthousiaste à l’idée de découvrir d’autres lieux, d’autres avenues, d’autres paysages. Mais le Texas ne constitue qu’une étape d’un an dans la carrière de son époux, après, elle ne pourra pas le suivre, il partira à la guerre.

À trente ans, elle dit qu’elle a encore le temps pour les enfants. En fait, elle veut attendre qu’il revienne. Un nuage d’appréhensions passe sur son visage. Elle redoute le moment où il devra partir, elle a peur de ne jamais le revoir. Les travaux de la ferme l’ont endurcie, elle a en réserve des montagnes de force, mais elle préfère ne pas élever des enfants sans savoir s’ils pourront un jour serrer dans leurs bras autre chose que l’image en carton grandeur nature de leur père fournit par l’armée.

Hier, j’ai bu un café en ville à Colombus. J’ai constaté que l’habit militaire de camouflage — version « imprimés du désert » — fait prestigieux. Il signifie l’appartenance à la base de Fort Benning où des milliers de militaires s’entrainent à la guerre, pour servir un pays qui dit ne pas en vouloir. Ici, ces hommes et ces rares femmes sont respectés de tous, ils font vivre leur famille, mais ils savent qu’ils peuvent être déplacés à tout moment. J’y ai vu un très jeune engagé en uniforme, il devait avoir à peine 18 ans, ses parents l’accompagnaient avec ses petites soeurs, comme s’il était venu le reconduire à l’université pour quelques mois, sauf que c’est à l’armée qu’ils le laisseront. Peut-être était-ce le dernier café qu’ils ont pris ensemble avant longtemps.

Il y a plusieurs facettes à la guerre. Je viens d’en voir quelques-unes, ici, près de Fort Benning. Même très loin, la guerre finit par nous rattraper.

11 mars 2007

Pour qui voter?

Non, je ne vous le dirai pas... Mais vous pouvez faire ce test pour savoir où se situent vos idées parmis les 5 partis au Québec. Vraiment intéressant comme concept! À la fin, si vous n'en croyez pas vos neuronnes, vous pourrez toujours consulter les sites des 5 partis.

http://www.vivrelequebec.net/monchoix/



Alors, c'est quoi votre résultat? Moi c'est comme une couleur.

10 mars 2007

La chaleur du Sud

Quand on a lu « litière à cheval à livrer sur une ferme » sur les papiers du voyage, on a préféré rouler les 24 heures de route qui nous séparaient d’Hamilton sans s’arrêter, pour arriver à la clarté; parce que se présenter la nuit avec un attirail comme le nôtre, sur ce qu’on a supposé être un petit chemin de terre sans éclairage, c’est courir après les ennuis.

Comme une Nordique qui débarque de l’avion dans les Caraïbes au mois de janvier, la chaleur du sud me happe dès que je descends du camion à la rencontre du propriétaire de la « Poplar place farm ». Pour dire vrai, j’ai gardé le réflexe de mettre mes bottes et ma double couche de manteau pour de sortir, car après tout, pas plus tard que la veille, il faisait moins vingt au Canada. Le maitre de lieux m’accueille en manches courtes aussi chaleureusement que le climat de la Géorgie : sourire radieux; poignée de main ferme et volontaire; sillons blanchâtres sur peau cuirassée au soleil; ventre bien rond témoignant de son gout pour la bonne chère et pour les véhicules motorisés. Je m’empresse de retirer mon trop-plein d’habits avant de commencer à dégouter comme une crème molle sur les doigts d’un enfant dépassé par sa montagne sucrée. Mais quand Gary enlève sa casquette et qu’il se met à se gratter la tête nerveusement avec l’air un peu embêté, je vois bien que quelque chose cloche. Il m’annonce en hésitant que la veille, le pneu de l’unique tracteur capable de nous décharger a crevé. C’est en se confondant en excuses qu’il nous apprend qu’on devra attendre jusqu’au lendemain après-midi, puisque la pièce viendra d’Atlanta.

À mes débuts, j’aurais bouilli intérieurement et gaspillé beaucoup d’énergie pour tenter d’en changer le cours des circonstances, pour obtenir finalement peu de résultats. « Au moins, j’aurai essayé » était ma devise. Mais avec le temps, j’ai appris à déceler les choses pour lesquelles je ne peux rien changer et à laisser les évènements m’apporter des aventures inattendues. Quel bonheur! Ne penser à rien d’autre que de se laisser aller à la découverte. (Voyez l’effet d’une double dose d’omegaJoy depuis quelques semaines…) D’autant plus que cet endroit immense où le silence crie sa présence m’apparait comme paradisiaque comparé aux endroits asphaltés où l’on a l’habitude de s’arrêter.

Gary s’installe au volant de sa voiturette de ferme John Deere, il me fait signe d’embarquer à ses côtés, et à Richard de nous suivre avec Fuego. Tout ce tour de manège à vive allure pour s’arrêter 100 mètres plus loin, là où il veut décharger les ballots de copeaux de bois demain. Moi qui n’aime pas trop les véhicules motorisés, j’avoue que ce petit tour m’a procuré un plaisir jusque-là ignoré et que j’y prendrai gout assez vite sur l’immensité de ce ranch où l’on a l’impression de ne jamais avancer quand on fait un pas. On décroche la remorque, ainsi, on sera plus libre de nos mouvements.

Il y a tout ce qu’il faut ici pour quelqu’un qui n’espère rien de plus qu’écouter les bruits des chevaux et respirer l’air purifié par la forêt environnante. C’est le truckstop le plus silencieux qu’il nous ait été donné fréquenter. Notre hôte est avenant, sans qu’on lui en fasse la demande, comme s’il avait déjà été lui-même camionneur dans une autre vie. Il nous indique comment combler nos besoins essentiels : il nous pointe les douches de son centre équestre de compétition; nous informe que l’épicerie la plus près ferme à 20 h, il regarde Richard de son œil amusé et lui indique où se trouve le Hooters le plus près en éclatant de rire, il se doute bien que je ne suis pas le genre à fréquenter une restaurant où l’on embauche des serveuses pour leurs attributs physiques en les mettant en valeur avant ce qu’il y a dans l’assiette, mais il dit à mon intention, sans me connaitre, où se trouve le Starbucks en ville si j’ai envie de prendre un café. Décidément, on dirait qu’il nous connait! Comment sait-il que le café de Starbuck est l’unique café américain que je trouve buvable et qu’il respecte mes valeurs d’équité? La ville de Colombus est à quelques kilomètres et on pourra en profiter pour faire nos courses avant de revenir au ranch, de toute façon, la nuit va tomber bientôt et on pourra voir les lieux demain matin.

Cette chaleur légendaire du sud m’embaume et me réconforte, les légendes sont parfois vrais.


Nous sommes de retour au Canada d'un voyage en Géorgie. On prend une remorque chargée à Toronto pour aller à Laredo. Je publie une partie du texte sur le sud, l'autre partie viendra bientôt. Les photos aussi. Merci de me suivre dans mes hauts et mes bas, vous savoir là m'encourage à continuer d'écrire. Je n'ai pas publié beaucoup dernièrement, par contre j'ai écrit pas mal, mais rien qui me satisfasse assez pour vous le faire lire. On dirait que j'ai moins le temps sur la route, parce qu'on a souvent des voyages courts qui ne me permettent pas de terminer ce que j'avais commencé. Enfin, j'espère que vous comprendrez, fidèles lecteurs. Je vous rembarque, la lumière du jour me donne du pep, le printemps s'en vient!

06 mars 2007

Vert-tendre

Nous sommes toujours à la maison, nous partons pour Hamilton en Géorgie demain. (Je vais rater le Yul blogue. :-( ).

J'aimerais vous faire connaitre une émission diffusée à canal Vox, la chaine communautaire de Montréal. C'est une émission sur l'écologie désormais téléchargeable sur baladeur numérique, ou encore sur votre ordinateur directement. On y donne des trucs écolos à faire à la maison, des recettes simples pour remplacer les produits ménagers, on y découvre des entreprises locales qui sont reconnues pour leur développement durable, des passionnés qui ont construit leur maison avec des valeurs environnementales, des organismes verts... J'ai pas mal tout écouté leurs émissions et ce fut vraiment un puits d'informations nouvelles, moi qui suis déjà pas mal sensibilisée. Quelques exemples que j'ai découverts par leur entremise :

zed recyclace décoratif
Des cercueils écologiques fabriqués au Québec
Des jardins sur les toits de Montréal vous pouvez même en visiter un jardin virtuel et apprendre les mille-et-un trucs pour le faire vous-même sur votre toit.

Ou encore, la géothermie, le vermicompostage, des planchers sans toxicité de
chez Beaulieu, et bien plus...

Voilà! C'est Hubert Reeves et David Suzuki qui seront fiers de vous, vous deviendrez des citoyens éco-responsables.



05 mars 2007

Pendant qu'on ne sait plus quoi faire de nos églises...

Les Américains en construisent!

Voici une photo d'une église de l'Ohio.

C'est à faire peur...

Le « Roi des Rois » comme on l'appelle, mesure 62 pieds et est orienté pour qu'on le voie de l'autoroute 75. On l'a construit en Floride, coupé en pièce, transporté jusque dans l'Ohio et remonté sur place.


Je ne sais pas pour vous... Mais moi, ça me fait peur!
Voyez aussi le pasteur vedette sur leur
site, rien à voir avec la modestie de mère Thérésa et de Jésus... Leurs pages web vous donne une l'idée de la propagande à l'américaine. Vous pouvez même faire une demande de prière en ligne, ou acheter les livres du pasteur!


Et pendant qu'on s'obstine pour décrocher le crucifix à l'Assemblée nationale...


Cette
croix qui a poussé à la jonction des autoroutes 57 et 70 dans l'état de l'Illinois, encore une fois bien visible de l'autoroute. Juste pour mesurer l'ampleur de sa démesure : elle est la plus haute croix au monde avec 198 pieds de haut (voyez les piétons au bas), elle a nécessité 180 tonnes d'acier et couté au bas mot 1 million de dollars.

C'est à n'en pas douter, il y a une poussée du religieux aux États-Unis. Je n’ose pas parlé d’intégrisme, mais… Qu’en pensez-vous?




03 mars 2007

Une autre petite annonce...

Je viens de recevoir un courriel de Daniel qui fait de la promo pour son amie, entraîneure personnel, Yoga, Pilates, Stretching, Musculation. J'ai pensé, pour le bienêtre d'André, commentateur-animateur chevronné sur ce blogue, ainsi que Jean de Ste-Julie, non moins chevronné, que cette photo pourrait les inspirer. Je vous imagine tous les deux... Ouille! Y' a des images parfois qui mettent de bonnes humeurs! ;c)

C'est sans rancune les gars hein?

Jean m’a écrit pour me dire qu’il est présentement en convalescence d'une crise de la vésicule. Le pauvre a passé toute une semaine d’enfer, pire que Fuego à Winnipeg. Je lui souhaite un prompt rétablissement! Nous sommes tous avec toi! (Vous lui faites vos souhaits ici si vous voulez, ça lui fera plaisir!)

02 mars 2007

Mes petites annonces

Si vous êtes abonnés à la radio satellite XM, le dimanche 4 mars entre 18h00 et 20h00, vous pourrez m'entendre à l'émission « Entre deux lignes », conçue par et pour des camionneurs. Je serai interviewée, avec d’autres camionneuses, par un des professeurs qui enseigne à l’école où j’ai appris le métier. Le thème portera sur les femmes camionneuses, pour souligner la journée de la femme le 8 mars. Cette émission n'est pas disponible sur internet, dommage! Par contre, on peut la capter partout en Amérique et beaucoup de chauffeurs y sont abonnés. J’ai hâte de voir ça, je ne sais même pas à quoi ressemble l’émission puisque je suis abonnée à Sirius, leur concurrent, mais il semble que les deux veulent fusionner et ils attendent l’accord de la FCC aux États-Unis. Une des nombreuses choses qu’on apprend quand on écoute les émissions baladodiffusées (podcast) « Le carnet techno » de Bruno.

Le lundi 5 mars, entre 12 h 30 et 13 h 30 (en reprise à 22 h) à Télé-Québec, vous pourrez me voir à Bazzo.tv, où j'y ferai ma chronique la mondialisation vue du camion. Le thème portera sur mon expérience à El Paso au Texas (je vous en ai déjà glissé quelques mots ici et ici), et j'ai 2 ou 3 photos frappantes sur la religion aux États-Unis. Je vous les mettrai après l'émission. Si vous ne pouvez pas l'écouter — car après tout, Télé-Québec, c'est juste au Québec! — comme d'habitude, un extrait de ma chronique sera disponible sur le site de Bazzo.tv le lendemain, dans la section collaborateur.

Où est passé le picosseux?


C'est ce qu'on appelle picosser ça mes amis! Hou lala! J'voudrais pas être prise avec un moineau pareil!

Détroit


Je viens de revenir à la maison d'un petit tour au Tenessee. Je vous rapporte quelques photos prises en chemin.


Voici la vue du pont de Ambassadeur à Détroit. À gauche, vous avez la ville américaine surnommée jadis ville de l'acier (y'a qu'a voir la rampe du pont... Gurp!) et motor city, et à droite la ville de Windsor. Au milieu, séparant le Canada et les États-Unis, y'a la Detroit river, qui se jette dans le lac Érie, un petit lac de 25900km carré.