31 mai 2006

En route!

Vous suivez toujours? des nouvelles bientôt!
En route vers l'astre cuisant. Présentement au Missouri, demain, le Texas.

Le reportage de Dominic Arpin passera officieusement vendredi pendant le bulletin de nouvelle de 18h. Chanceux! vous pourrez le voir avant moi!

Sandra
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24 mai 2006

Un petit coucou avant de repartir...

Je suis en congé jusqu'à lundi,

en attendant, je joue
mon rôle de marraine à temps plein avec mon petit neveu de 5 ans. Il ne me laisse pas une minute pour écrire...

Sandra
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19 mai 2006

Un reportage à TVA


Hier, j'ai reçu la visite de Dominic Arpin et de son caméraman.

Pour la première fois, vous pourrez voir le camion bouger dans son reportage télévisé. Dès que je connaîtrai la date de diffusion, je vous le dirai dans ce message.

En attendant, le voici racontant ses sueurs froides... J'ai roulé sur la caméra!

Vous auriez dû le voir courir comme une arraignée au sol pour voir si la caméra résiterai au passage de mon mastodonte...




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18 mai 2006

14296e kilomètre

13e jour
3e aller-retour Canada-Laredo
Arkansas.

Les arbres sont enfin feuillus et la lumière me suit jusqu’à tard le soir. L’été a poussé le printemps si vite que je ne l’ai pas vu s’échapper. Aujourd’hui, j’affirme avec certitude qu’il est là. Les champs jaunes de canola sont si brillants et si vifs, qu’ils nous éblouissent de beauté dès qu’on en aperçoit. Ils sont la vedette aux abords des autoroutes, je ne peux que les admirer, ébahie par des carreaux de terre si iridescents. Au Texas le maïs est déjà haut et dans quelques semaines ses épis seront sur les marchés. L’été n’est peut-être pas encore tout à fait arrivé au Québec, mais je le vois bousculer très fort pour faire son entrée.

Hier, nous étions au Texas et à 21 h 30 min, le soleil était encore là nous accompagnant. La température n’est plus aussi radicalement différente entre le nord et le sud, de sorte que je peux à peu près garder les mêmes vêtements toute la journée, mon mateau est utile seulement quand il pleut et les chemises à manches courtes sont de mises partout où je vais.

Le paysage défile par les fenêtres, mais j’ai furieusement hâte qu’il s’arrête. Une succession de champs, de forêts, de villes, de villages, de jours, de nuits, formant une chaîne continue. Depuis 14 jours. Je brûle d’impatience d’arriver au bout de cette enfilade. Les journaux de Montréal et de La Presse du 3 mai gisent jaunissant sur une tablette, comme pour remémorer le jour où nous avons délaissé notre mode de vie normale pour se remettre en mode nomade. Les jours s’allongent et la route se prolonge en un interminable ruban gris sur lequel je navigue presque en léthargie. J’avale l’asphalte à un rythme quasi insupportable. La cabine me pèse, ses murs gris et capitonnés sont mornes, son plancher noir est terne. Le rangement laisse à désirer et la poussière entre de partout, me rappelant que j’ai échoué dans ma tentative de tenir l’habitacle impeccable comme une maison sentant le frais. J’ai toujours le même modèle de chemises bleues sur le dos, demain je serai à court de propres. Il est temps que l’on rentre.

Mon Richard est toujours là, partageant les mêmes expériences, le même habitacle. Une telle connivence est rare. Mais je m’ennuie de m’ennuyer de lui. Voilà plus de 6 mois que je ne lui ai pas parlé au téléphone, parce que jamais nous ne sommes séparés. J’ai envie que sa voix ne soit qu’un murmure dans mes songes et que dans l’attente, lentement le désir de le revoir monte. Comme de rentrer d’un long voyage et de courir dans les bras de la personne chérie et dire « Comme tu m’as manqué, j’ai tellement de choses à te raconter! Je ne veux plus jamais être séparé de toi ».

Nous rentrons de voyage. Là-bas au loin, Montréal est un mirage. Mais dans deux jours, je pourrai y étancher ma soif.

15 mai 2006

Armer nos douaniers?

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Depuis six ans, j’ai passé des centaines de fois la frontière entre les États-Unis et le Canada avec un chargement.

Aujourd’hui, le gouvernement canadien minoritaire des conservateurs veut armer les douaniers. J’aimerais vous décrire ici, la perception que j’ai des travailleurs des postes frontaliers des deux pays voisins, afin que tous aient l’heure juste et puissent juger de la pertinence ou non d’une telle mesure.

Les douaniers américains se révèlent, aux yeux des camionneurs, comme des policiers armés d’une grande autorité et avec qui il ne faut pas badiner. L’un d’entre eux m’a affirmé que l’on accède à ce poste comme on entre dans l’armée. On les assigne à une frontière sans égard à leur volonté et sans jamais accommoder leurs caprices personnels.

Il projette l’image d’une brigade très hiérarchisée, avec des bananes aux épaules indiquant leur niveau, allant de zéro à deux (les plus gradés, ne travaillant pas au front). Ils perçoivent les passants comme des ennemis potentiels et sont prêts à employer les techniques de maîtrise d’un suspect, apprises à la sueur de leur front, au moindre soupçon. Des codes leur permettent de recevoir l’aide d’une équipe de collègues de travail immédiatement. Pour avoir maintes fois observé leurs méthodes, je les sais très raffinées et très appliquées. (photo prise en catimini, je n'avais pas la permission... je leur ai bien demandé, mais ils m'ont dit non...)

Par exemple, pour inspecter sommairement un camion, une escouade de trois agents des douanes est nécessaire. Celui qui appréhende un camionneur appelle du renfort. Dans tout le processus, le chauffeur est constamment considéré comme un suspect et quand il a ouvert lui-même ses portes d’équipement, un douanier lui indique où se positionner sans jamais le quitter des yeux, lui ordonnant même de ne pas mettre les mains dans ses poches. Le deuxième se tient en retrait et surveille la scène prêt à intervenir, pendant que le dernier grimpe dans la remorque pour faire ladite inspection. Alors qu’il y a six ans mes impressions étaient qu’à la douane américaine on pouvait traverser à peu près n’importe quoi sans se faire inspecter, depuis le 11 septembre, le nombre de douaniers à la frontière états-unienne a, à l’oeil, triplé. Nous sommes témoins d’intervention chaque fois que nous passons.

À chaque traversée, on nous pose systématiquement plusieurs questions : « qu’est-ce que vous transportez? », « quelle est votre citoyenneté? », « où êtes-vous né? », « où allez-vous? »; même si tout ça est écrit noir sur blanc sur les documents qu’ils exigent. Ça leur permet de mesurer le degré de nervosité des « suspects » que nous sommes tous à leurs yeux et surtout d’éprouver le degré de compréhension de la langue (il faut impérativement être en mesure de comprendre et de s’exprimer en anglais pour entrer aux États-Unis).

On applique les règlements à la lettre sans discrimination raciale. On ne tient pas pour acquis que nous sommes blancs comme neige, même si c’est la couleur de notre peau. Hommes, femmes et enfants, les Noirs comme les Blancs, les barbus à lunettes comme les hommes à turban, tous ont droit au même traitement.

Est-ce que je sens qu’il y a un excès de zèle? Je sens plutôt qu’ils appliquent les lois comme il se doit et sans jugement. Après tout, ils ne sont pas là pour les juger, mais pour les appliquer. Nous sommes les premiers à pester quand les policiers émettent publiquement des opinions sur les lois et portent des jugements sur celles qu’ils doivent appliquer. Les douaniers accomplissent correctement la mission qui leur est confiée, soit celle de contrôler l’entrée de leur pays. Je changerais peut-être d’idée s’ils avaient abusé de leur pouvoir à mon égard, mais comme ils agissent tout en étant eux-mêmes surveillés, ça diminue les possibilités d’abus.

En revanche, à la frontière canadienne, tout ne paraît pas si contrôlé et les lois ne semblent pas si appliquées. Dans leur cabine, les douaniers feuillettent des magazines, sont absorbés dans un roman, ou dans un travail d’école (l’été on embauche des étudiants!), ils regardent des catalogues. La question la plus importante à leurs yeux est « avez-vous acheté quelque chose? » et « Combien de jours à l’extérieur du pays? », pour savoir si on devra payer des taxes. La mission première des douaniers canadiens est de collecter des taxes sur les produits achetés à l’extérieur du pays. Ils ne demandent pas systématiquement les papiers d’identité. Est-ce parce que nous sommes blancs et que nous avons un accent québécois inimitable qui fait de nous de Canadiens sans contredit? Je n’en sais rien. Mais ils apparaissent comme des fonctionnaires sans autorité crédible et non comme l’autorité avec le pouvoir de vous arrêter sans mandat.

Pour changer l’image de « passoire » de la frontière du Canada, il faudrait d’abord s’attaquer à l’attitude des douaniers dans les cabines aux postes frontaliers. Ils doivent appliquer les lois et enquêter tous les voyageurs pour savoir s’ils les respectent. Mais peut-être ne sont-ils là que pour collecter des taxes? Peut-être préfèrent-ils laisser le travail de protection à l’entrée du pays aux Américains?

Il y a quelques voyages, nous avons dû nous rendre à l’entrepôt des douanes de Winsdor, celle étant la plus achalandée au pays pour les camions. À trois kilomètres de la frontière dans la ville, c’est là qu’on fait les inspections des cargaisons ou qu’on finalise les papiers incomplets d’un chargement. Quand je me suis présenté aux guichets vitrés des douanes qui ressemblent à ceux des banques, le film « Walk the line » jouait à tue-tête sur une grosse télé montée sur un chariot à roulette à quelques pas derrière les trois douanières!

Soyez fiers de vos douaniers canadiens! Ils sont des individus beaucoup plus cultivés que leurs homologues états-uniens! Ils peuvent vous entretenir de la dernière nouveauté disponible en DVD ou bien d’un article intéressant dans un magazine spécialisé.

Mais est-ce dans leur description de tâches que de se cultiver au travail?

Sont-ils des douaniers diligents ou des fonctionnaires désabusés?

Font-ils leur travail correctement quand ils ont l’esprit absorbé à écouter la télé? Et s’ils étaient armés pour écouter un film ou pour lire un magazine?

Est-ce normal, quand on fait partie de l’autorité qui a le plus de pouvoir au Canada, d’écouter des films au travail, de faire ses devoirs d’université entre deux camions, de lire un magazine ou un livre?

Est-il normal d’avoir des étudiants pour assurer ces fonctions d’autorité ?

J’ai toujours l’impression que les douaniers canadiens laisseraient passer n’importe qui pour poursuivre la lecture d’un chapitre.

Quels sont les résultats statistiques sur la sécurité depuis que les douaniers américains demandent systématiquement l’identité à tous les entrants au pays? À quoi sert-il de poser autant de questions s’il n’y a pas d’augmentation des arrestations? Mais qu’importent les statistiques! Les douaniers sont payés pour faire un travail qui demande une vigilance soutenue, et je constate qu’à jour, il n’en n’est rien. Il me semble bien humblement que le divertissement n’a pas sa place dans un métier de surveillance.

Armer nos fonctionnaires frontaliers?

Quand ils seront bien recentrés sur leurs fonctions, quand ils seront bien concentrés sur leur métier, là peut-être, nous pourrons songer à les armer. Mais quand viendra ce temps, il faudra se demander s’ils ont la formation nécessaire pour manier une arme. On pourrait leur fournir un livre là-dessus, on les sait capables de le dévorer!

Je vous pose la question : a-t-on envie de faire porter des armes à des fonctionnaires? Mais a-t-on seulement envie d’avoir des fonctionnaires comme douaniers?

Les Américains ont bien raison de s’inquiéter. Nous devrions en faire autant.

Notez que cette perception concerne uniquement les postes de douanes pour camionneurs. Il se pourrait que les postes d’entrée pour les voitures ou encore dans les aéroports par exemple, soient différents. D’ailleurs, je n’ai jamais vu de douaniers canadiens lire dans un aéroport.

13 mai 2006

La radio Sirius

Je m'amuse à faire des rimettes comme d'autres font des mots croisés. Voici comment Sirius a changé notre emploi du temps en roulant.


Fini le temps où avec peine,
je cherchais les stations radiocanadiennes,
en changeant de chaine

à mesure que le chemin défilait vers l’ouest,
ou m’en revenant tranquillement au pays vers l’est.
Fréquemment je devais explorer les fréquences,
pour toujours entendre la parole de Marie France,
jusqu’à ce que son âme se rende,
dans une cacophonie de grésillement,
sur la route du Michigan.
Je lui donnais sa chance,
jusqu’à ce que sa voix claire et pimpante,
disparaisse et se fonde,
dans la friture des ondes.

Que dire de René Hommier Roy et son éloquence,
que je ratais trop souvent dans les circonstances,
faute de m’être audible uniquement dans la métropole
mais qui, aujourd’hui vibre sur le quart du globe.

Désormais ma journée débute,
sans jamais qu’elle ne me rebute,
car je sais qu’ils seront là pour m’accompagner,
avec les invités toujours d’actualités,
à qui ils ne laissent rien échapper.

Et quand l’irritant chroniqueur de la circulation urbaine,
quatre fois l’heure nous répète la même rengaine,
pour nous annoncer l’inchangé réalité :
Y’ a un bouchon et c’est bloqué!
J’enfonce le bouton pause,
après tout, le silence est bien moins morose,
quand j’ai le pouvoir de le sortir de la circulation,
sans jamais manquer une minute de mon émission.
Quelle paradoxale aberration,
que de courir le trafic en fourgonnette polluante,
que l’on appelle trop complaisamment le hérisson,
de chroniquer cette circulation débordante,
et de soi-même en faire partie intégrante.
Ne lui en déplaise,
il serait lucidement plus à l’aise,
dans un bureau statique,
avec tous les moyens techniques,
pour mieux gérer la logistique,
et judicieusement diriger le trafic.
Ô je n’ai rien contre lui personnellement,
mais je l’aime mieux quand il parle de salsa avec passion,
qu’avec stress de la circulation.

Camarades Français vous n’êtes pas dans l’oubli,
puisque les soirs et les nuits on nous passe du RFI,
et qu’on peut suivre toutes les péripéties
de vos de Villepin et Sarcozy.
Il me semble qu’une Royale femme ferait bien le ménage,
dans ces toutes ces sales politicailleries.
Ne faites pas comme nous,
Ne ratez pas votre coup.

L’émetteur Sirius est vendu dans tous les truck-stops du continent
avec des démos où l’on peut faire jouer le poste nous tentant.
Et moi quand je passe par là,
je ne manque pas une fois,
de changer incognito,
la fréquence de la radio.
Samedi dernier, c’était au tour du jovial Joël Lebigot
de sonner agréablement dans toute la place,
au pays des anglos à Dallas au Texas !
J’étais fière de moi,
je souriais de joie,
m’en retournant gaiement dans mon camion,
poursuivre écouter mon émission.

Maintenant, c’est magique,
car Sirius la radio satellite,
me suit partout en Amérique.
Désormais, je me sens toujours à la maison,
même dans le Texas profond.

C’est dorénavant dans ma langue que j’écouterai l’actualité,
avec une si grande mobilité,
que peu importe que je me lève où l’anglais a triomphé,
dans ma cabine, le français résonnera enfin avec dignité!

Merci à la radio satellite sirius et au contenu de Radio-Canada, qui a changé la vie de beaucoup de camionneurs. Maintenant 100 000 abonnés au Canada seulement. Impressionnant. Parions que parmis ses abonnés, il y a beaucoup de grands voyageurs que sont les camionneurs...


(Et dire que je ne suis pas payée pour toute cette publicité!)

10 mai 2006

Photo rafraichissante, pour chaleur accablante

La planète de Laredo ne se réchauffe pas.
E L L E C U I T !
Aujourd'hui à Laredo, mon thermomètre de bord indiquait 118 degrés F.
(47.7 degré C me dit André.)
C'est chaud comme dans un fourneau!
Vous devez tous être bien au frais... à votre tour de me narguer!
Je préfère l'hiver à cette saison cuisante. Au moins quand il fait froid, on s'habille et on peut aller dehors. Ici, on ne va dehors que pour changer de lieu, jamais pour en profiter. Serait-ce ce qui nous attend si la planète se réchauffe? Vivre à l'intérieur à l'air conditionné? Ici, ils n'ont pas l'air de s'en préoccuper dans leur confort climatisé.
Insupportable pour la Nordique que je suis.

06 mai 2006

Boui boui BBQ

Vous prenez quoi? Je vous recommande les ribs si vous n'êtes pas encore trop «cholestérolifés». André voulait du poulet, mais il n'y en a pas. Et je ne sais pas ce que c'est que des «link», quelqu'un y a déjà goûté?


Ça sent la fumée. Depuis des heures, les saucisses, le boeuf et le porc se font boucaner sur les grilles. Par chance, il ne fait pas trop chaud aujourd’hui et on peut s’approcher de la braise pour voir le maître du boucanage à l’oeuvre. Le four est fabriqué sur mesure ici au Texas. Celui-ci est monté sur une remorque que l’on peut atteler à un camion pour tout genre de réception. Il y a deux compartiments cylindriques et une boîte carrée qui sert à faire la fumée. On y fait brûler une essence de bois, du Hickory ou du mesquite en général. On ferme le couvercle et la fumée se fraye un chemin en volute jusqu’à la cheminée, en passant par les grilles, où braisent les viandes qui grésillent. Leur gras fond doucement et flambe. Au comptoir, on commande son repas à la livre. Je prends une de «brisket» (Choubinette, c’est quoi en français brisket? Poitrine de boeuf?), sans trop réfléchir à la quantité et aussi quatre côtes levées. Le cowboy rougit par le feu, m’enveloppe la viande dans du papier de boucher pour respecter la coutume. Car ce sont eux, les bouchers, qui sont à l’origine de cette pratique : à la fin de la journée, ils mettaient leurs restes de viande à boucaner pendant plus d’une nuit pour mieux la conserver. L’odeur attirait tous les passants et un rituel s’est développé. Encore aujourd'hui on trouve des bouchers qui perpétuent la tradition. Toutefois, au Texas, il y a deux écoles de pensée pour la fumaison: celle qui préfère le produit brut, soit la viande nue, fumée sans rien pour l’assaisonner et l’autre, celle des sauces et épices secrètes. La philosophie de Scooter D’s s’inscrit entre les deux : ses côtes levées sont laquées et ses « brisket» sont cuites nature.

Le soleil réchauffe les couleurs et le rouge de la roulotte paraît encore plus vif. Tandis qu’il prépare son coucher, nous nous apprêtons à goûter le Texas. Sur une table à pique-nique, je m’assois face au soleil couchant pour le voir descendre dans les champs. Le paquet est déroulé au centre de la nappe de plastique et nos doigts nous servent de fourchettes. Je prends une côte levée que je porte à ma bouche. Fondante et savamment braisée, la chair rosée ne se fait pas prier pour se détacher de l’os. Je décèle une subtile saveur sucrée qui a su rendre la viande à son meilleur. C’est très gras, mais pour cette fois ça ira, je n’aurai qu’à rouler un peu plus... Les tranches de boeuf bien cuites sont d’une tendreté incomparable. Le goût fumé est très présent, cependant j’avoue que c’est un peu fade sans assaisonnement. Je retourne voir le cowboy pour demander de la sauce BBQ. Il me regarde d’un drôle d’air sous son chapeau. J’ajuste la saveur à mon palais et tout devient parfait.

Mais une livre (454 grammes)... c’est beaucoup trop! Il en reste, vous en voulez un peu? Je vous laisse, il faut que j’aille me laver les mains, j’ai comme l’impression qu’elles ont été fumées!

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04 mai 2006

Naître défavorisé

Ça y est on est reparti pour Laredo. Des nouvelles bientôt. Le temps que je reprenne le dessus je vous répondrai tous dans les commentaires d'ici une semaine. Désolée de ne pas encore vous avoir répondu, ça viendra. Merci de vous être soucié de nous! (et de ce foutu ordi parti courir la galipotte!)

La petite herbe verte n’a rien demandé, le hasard a fait qu’elle est née dans la terre contaminée. La première fois qu’elle a percé le sol, elle a senti l’odeur âcre, elle a perçu un goût âpre, elle a vu la laideur et la désolation.
Elle a cru que pour tous les vivants, la vie était dure et acariâtre, parce qu’autour d’elle, tout est noir de contaminants puants. Elle a toujours cru que la vie ne faisait pas de cadeaux et qu’il faudrait bûcher pour survivre.

Jusqu’à ce qu’un jour radieux de printemps, elle aperçoive au loin dans un champ, des millions de consoeurs s’épanouissant aux côtés de jolies fleurs. Avec ses racines bien enlisées dans sa terre polluée, elle les a bien observées : chaque semaine, elles se font tailler, arroser, engraisser, dorloter, cajoler, bichonner. Elle regarde tristement à ses pieds, elle se rend bien compte que son épanouissement est hypothéqué et que jamais une fleur ne pourra percer ce sol de misère à ses côtés. Comme un coup de masse, elle apprend que la vie est injuste. Son souhait le plus cher est de se faire transplanter dans ce champ de verdure entretenue, où la vie paraît si belle et si facile, où l’on prend soin de toutes les brindilles graciles.

Elle espère qu’un jour un ange la transplantera, parce qu’il n’y a pas que sa vie à elle qui est compromise, mais aussi celle de tous ses descendants. Elle prie pour que le vent souffle si fort qu’il l’enracinera dans ce champ favorisé, auprès de fleurs et de la beauté dans toute sa splendeur.

C’est fou ce qu’une herbe peut nous enseigner sur les injustices de la vie! J’ai pensé à tous ces enfants, qui comme cette herbe, ont leur avenir compromis par leur milieu défavorisé.

02 mai 2006

Me revoilà!

E N F I N !

Si vous saviez comme les doigts me brûlaient de clapoter sur mon clavier! Richard n'en pouvait plus de me voir dans cet état. Il est allé m'acheter une super ordi avant que l'on ne reparte sur la route. Les choses vont reprendre leur cours normal dans les prochains jours, parole de camionneurs toujours à l'heure!

Vous nous manquiez les dernières semaines. On regardait derrière dans la cabine et vous n'y étiez pas, on avait dû vous laisser au terminal.

Prochain embarquement: jeudi matin.

On vous attend!