30 janvier 2007

Sationnement payant.

Hier, nous avons visité le centre-ville d’El Paso. On a abandonné Fuego au parcomètre et on est parti à pied découvrir la ville. Pour 0,25 $, on stationne pour 30 minutes. Vraiment pas cher! En plus, on pouvait en mettre pour 10 heures de suite, alors qu’à Montréal, on ne peut mettre que 2 heures à la fois. C’est peut-être là une partie des problèmes de la pollution et de circulation d’El Paso, il est trop facile de stationner, mais il faut dire que ça nous arrangeait, parce que Fuego, il n’est pas toujours un cadeau à stationner.
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Promenade à Progress, Virginie



1. Le centre ville.

2. Betty Boop en porte parapluie chez l'antiquaire.

3. Mais assoyez-vous donc... Bancs à vendre.

29 janvier 2007

Sationnement gratuit


J'aime beaucoup ce genre d'endroit. Je peux stationner en plein centre-ville pendant une heure ou deux et aller marcher aux alentours en attendant qu'on décharge la remorque.


Ils nous mettent même des cônes pour bloquer la rue, comme si on était des vedettes rock!Mais il n'y avait pas de valet pour stationner...

Et tous les employés des presses du journal de Progress sont sortis pour voir si je n'allais pas accrocher leur voiture ou un poteau de ciment.

Mais ces inconvénients sont nettement récompensés par la promenade sur la rue principale d'un centre-ville en pleine revitalisation.
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Chat Chinois

La chatte de l'antiquaire de Progress en Virginie. Elle avait les yeux bridés, même quand ils étaient ouverts
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L'ancêtre de Fuego?

On a fait un tour dans une petite ville de la Virginie. Progress pour être plus précise. Je vous mets quelques photos pour patienter. Nous sommes à El Paso.
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20 janvier 2007

Almatois, un romancier parmis vous!

Almatois, Almatoises et autres gens de la région,
ce message s’adresse à vous.

Le 23 janvier est un grand jour pour l’un des vôtres.
Jean-Luc Doumont lance son premier roman et vous y êtes tous conviés.

Cette activité aura lieu
le mardi 23 janvier 2007 à 19h00
à la salle des chevaliers de Colomb d’Alma.
195, rue Bégin Sud.

Dans le contexte où la majorité des romans québécois se déroulent à Montréal, courrez vite encourager votre Jean-Luc, qui s’est installé à Alma pour écrire. J'ai hâte de lire le point de vue d'un Belge d'origine sur le Québec via son roman.

Je vous recopie les informations qu'il m'a transmise ci-bas, et si vous êtes trop loin pour y aller, vous pouvez toujours suivre son
blogue en cliquant ici.

Résumé du roman: Serge Simoneau, la trentaine, vit à Alma au Québec. Son père est un homme très connu dans le milieu politique. Un matin,Serge apprend qu'il a un frère caché. Il décide de retourner à Montréal pour le rencontrer.
4ème couverture: Serge Simoneau a tout pour être heureux. Un travail qui lui plaît, une femme charmante et une maison qui donne sur le coeur du centre-ville. Son père, Jacques, est un ancien bras droit d'un des premiers ministres du Québec. Grâce à des renseignements privilégiés, il a bâti des empires et une réputation d'homme d'affaire féroce et sans scrupule. Lorsqu'il rend visite à son fils à Alma, il lui apprend une terrible nouvelle, il a un frère caché. Le duo Simoneau qu'il formait doit à présent compter un nouveau membre, ce qui ne sera pas de tout repos.
Auteur: Jean-Luc Doumont, est né en 1974 à Namur (Belgique). Durant les 26 premières années de sa vie, il habite Sambreville et Charleroi, avant de s'envoler pour le Québec, afin d'y rejoindre sa femme d'origine québécoise. Un début de carrière dans le milieu des affaires au Québec, où les implications sociales étaient nombreuses. L'écriture est depuis toujours une passion. Il a écrit des débuts de romans qui n'ont jamais eu de fins, puis cet homme qui s'intéresse aux développements des humains dans le monde qu'il l'entoure, à tout abandonner pour se consacrer entièrement à l'écriture des romans. Aujourd'hui, ce "voleur de vies" aime faire découvrir aux autres, le Québec tel qu'il le voit, via des personnages fictifs.
PS: "Cet homme-là" est le premier tome de deux volumes. La suite "Sans lui" est terminée. Jean-Luc travaille présentement à son troisième roman qui s'appellera "Des mots pour ne pas l'oublier".

Leçon de Winnipingouins.

À Winnipeg, j’ai appris qu’on appelle les habitants, affectueusement ou méchamment vous saurez peut-être me dire, les « Winter Pig ». Il me semble que ce n’est pas tellement gentil. Alors moi, qui n’y ai vu que des gens souriants, je les appellerais les « Winnipingouins »!

· Ils écoutent la météo et ne prennent pas la route si l’écran est rouge pour cause de blizzard et de poudrerie.

· Ils stationnent leur véhicule avec le vent dans le dos. Il ne leur viendrait jamais à l’idée de faire autrement l’hiver, qu’ils suivent à la télé avant d’aller l’affronter.

· Les Winnipingouins se méfient du diésel américain en hiver. Ils utilisent, plus que moins, un antigel à carburant diésel, en vente pour la « modique » somme de 18 $ le gallon, que l’on verse directement dans les réservoirs à tous les 300 gallons de diésel, ce qui représente 1 à 2 journées de travail pour nous, donc 1 gallon d'antigel par jour de froid intense. Ça coute cher l’hiver!


· Tous les Winnipingouins sont munis d’un kit de survie d’hiver pour parer les pires tempêtes. La dernière a séquestré des automobilistes pendant plus de 18 heures dans leurs voitures dans le blizzard. On les a vus à la télé les pauvres et c’était des Québécois! J’imagine que les Winnipingouins regardaient ça en faisant — non! c’est pas possible! — en faisant non de la tête et en levant les yeux au ciel.

Fuego sauvé, sauvera-t-il à son tour?

Vendredi soir, Fuego se trouvait trop mal en point pour transporter quoi que ce soit, trop sonné par son engelure, d’autant plus que ses chauffeurs n’avaient plus le rythme pour rouler jour et nuit, de sorte qu’un voyage pour se refaire une fierté nous est passé sous le nez. En effet, n’eut été de cette avarie hivernale, Fuego aurait eu un rendez-vous au «MTS center» — non pas qu’il ait attrapé une MTS au contact intime avec d’autres camions —, mais bel et bien à l’aréna des Moose de Winnipeg (qui s’appelle véritablement MTS!). Notre mission — si toutefois nous avions pu accepter — aurait consisté à attendre que l’affrontement entre les Bull Dogs d’Hamilton et les Mooses de Winnipeg se termine, à remplir la remorque de leur équipement et à rouler sans arrêt jusqu’à Chicago pour arriver avant leur joute du lendemain soir. Un voyage dessiné pour des pompiers de l’autoroute comme nous, avec 15 heures de conduite, sans compter la paperasse pour traverser la frontière américaine, ni le temps de charger et de décharger, ni le stress d’arriver providentiellement pour la partie, ni celui de voir 25 joueurs tous nus sur le trottoir à Chicago en faisant le pied de grue escomptant leurs habits pour la glace. Pour les sauver de la honte, il faut absolument au Bull Dogs, une équipe de deux chauffeurs pour mener à temps la marchandise tout en respectant la loi. Un chauffeur solo n’est autorisé à conduire que onze heures en 24 heures au Canada et aux États-Unis, alors quand les Bull Dogs ont vu qu’à 16 h 30, nous n’étions toujours pas en état de rouler parce que nous espérions encore notre sauveur, ils ont préféré chercher une autre compagnie pour transporter leurs précieuses tenues.

Dommage, j’aurais aimé contribuer à sauver l’honneur de l’équipe de la
AHL, affiliée aux Canadiens de Montréal, comme dans le film québécois «les Boys II» (où l’équipe de garage québécoise se fait voler son équipement juste avant affronter l’équipe de Chamonix, et qu’ils doivent se résigner à jouer dans des habits et accoutrements dépareillés trop grands ou trop petits), sans compter que ça m’aurait fait du sapré bon matériel pour écrire…

Mais qu’à cela ne tienne, à notre réveil dans une chambre à l’habitacle très douillet, nous recevons une mission qui nous permettra de nous redorer le héros, terni par le froid.

Mission : À Grand Forks dans le Dakota du Nord, un frère d’huile de Fuego est pris dans la glace. Votre mission, si toutefois vous l’acceptez, consiste à descendre
à 140 miles au sud en franchissant la frontière américaine, faire un échange rapide de remorque avec le chauffeur, et livrer la marchandise à temps pour lundi matin à Edmonton en Alberta. Ce message s’autodétruira dans quelques secondes, si vous êtes pris, nous nierons l’existence de ce message.

Bien sûr, nous avons accepté malgré les risques d’aller au nord du 49e parallèle par pareil froid. Nous avons reformé notre équipe habituelle, à qui toutes les missions réussissent, - c’est bien connu - avec Fuego comme partenaire privilégié et Richard et moi en tête.

Au garage, Fuego a repris vie et il respire mieux. Il est tout excité quand on lui confie la mission. Il se laisse mettre au petit trot vers le sud pour ne pas trop se faire remarquer par le froid.

À Grand Forks, nous rencontrons le chauffeur infortuné qui nous remet sans broncher sa remorque pleine de pneus, tout en acceptant la nôtre vide. Vraisemblablement, le chef l’avait mis dans le coup. Sans perdre de vu notre objectif, nous laissons le pauvre chauffeur à pied, dans une ville dessinée pour la voiture, là où seul
Terry Fox aurait survécu sans moyen de transport motorisé. C’est du chacun-pour-soi dans ce métier impossible, pas de sentiments si nous voulons mener à bien notre mission. À peine avons-nous effleuré le Dakota du Nord que nous virons toutes les machines de bord pour mettre le cap vers le nord-ouest, en direction d’Edmonton, là où l’industrie pétrolière fait battre le cœur de la ville artificiellement, encrassant les poumons de tous les Terriens à mesure qu’ils arrachent la terre du sol pour en extraire le pétrole. Plus les Albertains creusent, plus ils s’enfoncent dans la pollution entrainant avec eux tous les Canadiens dans la folle course à l’exploitation des sables bitumineux pour fournir « nos amis les Américains » en pétrole qui veulent cesser de dépendre du Moyen-Orient, et se tarir d’acheter le pétrole d’un pays démocratique favorisant le libre marché — dixit notre premier ministre —. (Si le sujet vous intrigue, écoutez l’excellent reportage du journaliste Guy Gendron à l’émission zone libre de la télé de radio-canada. Vous y verrez les horreurs des champs de sables bitumineux de Fort McMurray, contrastant avec l’image du Canada si beau et si vierge que vous avez peut-être encore…).

Aller Fuego, ya! Ya! Et en route pour l’Alberta.

14 janvier 2007

Fuego sur civière, la suite.

Richard a déjà pris les choses en mains avec le Docteur Hook quand j’arrive dehors. Je reconnais le sauveur à son habit de neige tout noir qui lui donne la forme d’un astronaute, à la cagoule recouvrant son visage comme un chirurgien prêt à opérer et à ses grosses bottes d’hiver qui lui permettraient de rester immobile pendant des heures sans que ses pieds gèlent.

Il nous glisse comme ça, comme pour nous encourager, avec le sourire qu’on perçoit dans le trou de son passe-montagne :

— Vous êtes chanceux, si vous aviez appelé cet après-midi au lieu de ce matin, il aurait été impossible de vous dépanner avant demain.

À vrai dire, il nous apprend que les cas lourds débordent dans tous les couloirs de la région et que c’est presque l’état d’urgence. Ils ne sont que douze camions dans la ville, capables de soulever les mastodontes. Nous sommes le 20e dépannage pour aujourd’hui. Les températures extrêmes en hiver et en été, les +30 comme les -30 degrés, sont les journées les plus occupées de l’année.

Son diagnostic est le même que le nôtre, Fuego a une engelure au filtre à fioul. Il s’en est fallu de peu pour que nos visages soient dans le même état. À cette température, -48 degrés avec le facteur vent, la peau peut subir de sévères engelures en moins de 7 minutes. (Ce n’est pas moi qui le dis, mais la fille du canal météo qu’on a vue toute la journée, avec les joues rouges et la goutte au nez, qui fait de la boucane dans son micro en parlant. Par chance, ses chroniques extérieures durent moins de 5 minutes, la pauvre!)


Il fait trop froid pour tenter une ranimation sur place, il faut le transporter au garage. Notre bienfaiteur en complet de ski-doo connait son affaire sur le bout de ses mitaines, 20 ans de métier dans des conditions de brousse l’ont endurcie. Il a l’air d’un pro juste à remarquer l’allure de son camion, aussi gros que celui des pompiers, tout chromé, possédant une multitude de fonctions pour tout genre de sauvetage, car c’est lui qu’on appelle pour sortir du pétrin les mastodontes accidentés qu’on voit dans les journaux à sensation. Sa machine est munie d’équipements complexes pour tirer n’importe qui du fossé, poutres de levages, bras hydrauliques, câbles avec treuil, dispositif de remorquage qu’il doit savoir manier avec la précision de l’astronaute qui dirige le bras canadien. Toutes les situations auxquelles il est confronté sont différentes de sorte que chaque appel constitue un défi renouvelé. Sa liste de patients est longue, depuis 3 heures du matin qu’il est en service alors qu’il bosse encore pour sortir Fuego du gel à 19hrs. En quelques manœuvres bien maitrisées, il accroche notre camion transi de froid, s’installe au volant, retire sa cagoule, actionne les feux d’urgence et se met en route pour le garage. Nous, on se laisse conduire, contents d’être au chaud et d’apprendre qu’on est à 15 minutes d’ambulance. Fuego est suspendu par le derrière et traine ses roues avant pour se tenir debout sur la route, il fait pitié à voir, lui, si fort d’habitude.

Le concessionnaire Kenworth de Winnipeg est plutôt récent et possède une quinzaine de portes pour accueillir des éclopés. Par chance, il reste une place toute chaude pour Fuego gelé. Notre ambulancier installe Fuego, totalement inerte, bien au chaud dans la salle de soins et sans plus de cérémonie, il nous salue de la main en nous souhaitant bonne chance et repart aussitôt : d’autres patients attendent.

Frigo est tétanisé dans la glace et pour l’aider à ressusciter plus vite, on ouvre toutes ses fenêtres et on laisse ses portes ouvertes pour que le froid s’évapore. Un mécanicien sera à son chevet pour la nuit.


Quant à nous qui sommes déjà épuisés de n’avoir rien fait de la journée, le garage nous prête l’unique voiture mise à la disposition de la clientèle pour aller à l’hôtel.

Demain, on viendra voir notre malade s’il se porte mieux.

Je vous mets la suite quand je peux, peut-être que ma résolution débutera ici…

(Bonus pour chauffeurs de camion en devenir : si vous allez au garage ou chez un concessionnaire et que vous savez que vous en aurez pour longtemps, demandez toujours une voiture de service (courtesy car) pour aller à l’hôtel, au restaurant ou autre. Ils en ont rarement, mais ils ne vous l’offriront pas d’emblée, alors il faut demander.)

13 janvier 2007

Fuego sur la civière

Et le Docteur s'appele Dr Hook! Nous sommes entre bonnes mains.
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L'art d'attendre les secours sans se stresser

Quoi faire quand on ne peut rien faire?

Nous sommes passés maitres.

J’ai épuisé toute la crème à main disponible dans ma sacoche — se crémer les mains en hiver, ça fait changement de se tourner les pouces — et l’un n’empêche pas l’autre. Mon clavier n’est même pas graissé tellement ma peau boit.

Depuis le matin qu’on est là assis à la même banquette, l’un en face de l’autre avec nos ordinateurs branchés sur le monde pour fuir l’ennuie. À la télé du restaurant, le canal météo joue à longueur de journée témoignant en direct de ce que je vois en direct par la fenêtre givrée. Les autobus ne démarrent pas, et les enfants n’iront pas à l’école, ils les ont fermées. Ils conseillent, entre autres, de ne pas sortir si ce n’est pas absolument nécessaire, de ne pas faire d’effort physique dehors. J’applique les recommandations à la lettre.

Richard ne tient plus en place, sautillant et maugréant sur le siège rembourré comme un enfant qui crie — maman, on arrive-tu?

Alors, il est allé prendre une marche dans l’allée des chips, bifurquant dans la section « morceaux de chrome », visitant la section « Cb », fouinant dans l’allée des boissons sucrées pétillantes, évitant les frigos à crèmes glacées, fouillant toute la rangée des fluides pour camions gelés au cas où il y trouverait un miracle en bouteille à acheter, explorant la tablette des liquides pour faire briller et celle des huiles pour lubrifier, s’attardant devant les romans de cowboys et les livres audios, décourageant devant les films américains tout pareils.

Il a fini par succomber à une paire de mitaines pour touriste avec des feuilles d’érable rouge dessus, très chic à Winnipeg. C’était dans la rangée « vêtements pour camionneurs désespérés », avec les chemises et les bolos.

Il est même allé jusque dans l’allée des peluches pour enfants délaissés et celle des bibelots en cristal pour femmes de camionneurs esseulées. C’est ce que je suis maintenant, seule sur ma banquette de resto à regarder le froid pénétrer par la fenêtre et glacer le mur de cristaux.

Le nouveau truckstop de luxe (dans le monde du camionnage) de la capitale manitobaine (Flying J pour les connaisseurs) dispose d’une excellente connexion internet, sans-fil ou avec, nous étant destiné. C’est là qu’on est. Quelle chance dans notre malchance! Par contre, il n’y a qu’une seule table avec un branchement électrique et une connexion 100 mégabits dans tout le restaurant et c’est au bord de la fenêtre. C’est donc bien emmitouflés que l’on doit se relayer pour la garder. On l’a depuis le petit déjeuner, le souper arrive bientôt. Pendant que je clapote sur mon clavier à lire des blogues et à faire le mien, une petite brise constante qui passe à travers le mur vient faire greloter mon corps à l’état végétatif. J’ai gardé ma tuque bleu poudre sur ma tête et ma camisole de ski rose fuchsia dépasse de mon polar noir. À Montréal, j’aurais l’air d’une folle, mais ici, je dois dire, je passe totalement inaperçue parmi les spécimens de « fashionnista winni-pinguouine du frette » qui défilent comme si je me trouvais aux premières loges d’une parade de mode « spécial survie en hiver ».

Une femme fait son entrée avec ses grosses bottes de motoneige blanches, plutôt jaunies et tâchées, vêtue de pied en cap d’un survêtement de sport aux imprimés de camouflage de l’armée canadienne dans le désert au début de la guerre en Irak, couverte d’un manteau long vert paon aussi brillant que la dinde de luxe dont semble être fait le tissu. Un casque d’aviateur en fausse fourrure tigrée bien calé chapeaute le tout.

Un homme s’est présenté revêtant un manteau trop court cintré à la taille – qu’il n’a visiblement plus depuis longtemps — et un t-shirt formant une jupette – certainement très chaude pour les fesses — par-dessus ses pantalons de jogging au fond de culotte rapiécé milles fois, bouffant comme un habit de clown parce qu’ils sont rentrés dans ses bas blancs.

Une femme, mortifiée au fond de teint trop pâle et trop épais, arrive entourée d’une aura de fixatif infect, coupant l’appétit du plus affamé des camionneurs. Elle a mis ses plus beaux atours de saisons et son mateau de cuirette craquèle au frette.

J’en ai un peu marre de toute cette parade de mode hivernale, j’ai comme une envie de défilé de maillots de bain sur une plage de sable chaud tout à coup.

C’est à ce moment que je reçois un message instantané :

— Amène ta peau ma petite gercée, l’ambulance vient d’arriver!

Richard le coquin, s’est branché à l’autre bout du truckstop pour attendre les secours, il me faisait à croire, avec ses messages instantanés, qu’il était dans le camion, et moi, je ne pouvais pas aller vérifier s’il était en train de geler, j’aurais perdu notre table vous comprenez… C’est pleine d’espoir que je ferme tout pour rejoindre mi amor qui saura très certainement me réchauffer avec ses nouvelles mitaines. Et l’ambulancier pour camion saura ranimer Fuego, enfin, c’est ce qu’on verra…

La suite très bientôt!

12 janvier 2007

L'étoile éteinte


Si les truckstops étaient des hôtels, nos camions en seraient les chambres. Oh! Ce ne sont pas des hôtels très étoilés, — je dirais à peine une étincelle d’étoile —, sauf que là, l’étincelle s’est éteinte, éreintée par le froid. Fuego est mort gelé, mort de frette, mort étouffé. On a essayé de le ranimer, mais faire le bouche à bouche à une baleine à -40, alors que la nuit approche, c’est plutôt compliqué. Alors, on a laissé notre étoile éteinte et un taxi est venu à notre secours. J’ai demandé s’il ne s’appellerait pas Pierre-Léon, — des fois —, non, ce n’était pas l’étoile du taxi de Montréal, mais un simple taxi qui brille de chaud dans le froid de Winnipeg.

— Chauffez-nous jusqu’à l’hôtel chauffé le plus près s.v.p.

N’importe qui sauterait de joie de dormir à l’hôtel plutôt que dehors au froid dans un chalet glacé. Mais quitter la cabine de Fuego gelé, c’est comme laisser sa maison de force à cause d’un sinistre. Au moins, au Holiday Inn, on a pu se réchauffer et il y avait même de la crème pour nos mains gercées.

Fuego, lui, a passé la nuit la plus froide de sa vie, transi par le froid intense, le froid qui fait rougir même l’écran du canal météo. Il a subi -40 degrés entre deux camions qui eux, étaient tous chauds avec le moteur ronronnant.

Au retour ce matin, Fuego est toujours complètement saisi, son carburant est sirupeux comme de la vodka servie dans un hôtel de glace. On attend les secours dans le restaurant avec nos tuques sur la tête et je me fais chauffer les mains sur un café sans gout. Il y a 4 heures d’attente avant la prochaine ambulance pour camion, Fuego n’est pas tout seul à agoniser. Par la fenêtre à moitié obstruée par le frima, j’aperçois un de ses frères d’huile en difficultés : il a figé au froid en tournant et il bloque une partie de l’accès au truckstop.

On se console en disant qu’à Winnipeg, il y a d’excellentes connexions internet!

À suivre…

Parce nous non plus, on ne connait pas la suite.

Vous n’auriez pas quelques mots qui réchauffent?

11 janvier 2007

Quoi faire à Winnipeg?

Même Google est embêté...

Vous n’auriez pas quelques suggestions? On doit passer la journée du 12 janvier ici.

Fait -27 sans inclure le facteur vent.

Au doigt mouillé, ça fait -45, je vous l'dis!

Je le rentre dans sa mitaine juste avant qu'il casse.

Alors laissez faire les activités extérieures, j'ai oublié mes bottes d'hiver et je gèle des pieds juste à marcher du camion au restaurant. Si moi je n'ai pas de bottes, Richard lui, n'a pas ses mitaines. Le pauvre, il a l'air d'un pingouin amputé quand il essaie de ne pas tomber sur la glace pour se rendre à Fuego.

Winnipeg sans bottes et sans mitaines! Faut le faire! Ce soir, je révise mon guide de survie...

10 janvier 2007

Pittoresques plaines canadiennes... (2e rechute)

Nous sommes à Winnipeg. Demain matin, nous livrons des téléviseurs fabriqués au Mexique dans un magasin de meubles de la ville manitobaine. Depuis quelques heures, on s’est accosté au truckstop pour une douche, un repas et une connexion sans fil.

Conversations dans la couchette avant de dormir : (puisque Daniel aime les histoires de couchette)

— Richard?
— Quoi?
— As-tu pété?
— Non pour qui tu me prends?
— Ben merde! Y’a un camion plein de vaches qui vient de se stationner à côté de nous!

— Richard?
— Quoiiii?
— C’est toi qui ronfles?
— Mais non pour qui tu me prends?
— Ben merde! Y’a les vaches se mettent à meugler!

Ah! Que c’est pittoresque la plaine canadienne!

Première rechute de résolution 12 jours...

Vu dans un truck-stop du Kansas :

Achetez un billet pour gagner des prix pleins de testostérone :

le 1er prix, un quatre-roues (VTT),

le 2e prix : une belle mitraillette modèle m-16 de calibre .243

et le 3e, un coffre fort pour mettre ses armes à feu en sécurité, à l’abri des terroristes et des enfants.

Ah! Que c’est pittoresque le Kansas! L’expression faire « tirer » un prix prend tout son sens quand c’est une mitraillette!

Un quatre-roue, une mitraillette, un coffre-fort.... Un homme heureux!

08 janvier 2007

Chers compagnons de route

Chers compagnons de route,

Vous m’avez manqué et je n’ai cessé de penser à vous partout où je suis allée pendant le temps des fêtes. Je viens tout juste de reprendre la route après trois semaines d’arrêt. Nous sommes en route pour El Paso au Texas, accompagnés de Rhume et Sinusite qui ne nous quittent plus depuis le jour de l’an. (Mais que faire avec ces deux pots de colle pour qu’ils dégagent au plus vite!)

Je vous écris d’El Paso au Texas, alors que nous sommes en attente des papiers pour notre prochaine destination. Nous avons livré des pièces fabriquées au Québec pour construire des véhicules récréatifs (VTT, motoneige, motomarine…) qui seront assemblées au Mexique.

J’ai pris une résolution pour cette année concernant ma productivité. Les connexions internet sans-fil sur la route étant parfois difficiles à obtenir et souvent très lentes, l’an dernier, j’ai perdu un temps précieux à tenter de me connecter aux différents réseaux sans-fils, a arrêter spécialement pour me brancher, à téléphoner aux multiples services des truckstops pour leur dire que leurs services ne fonctionnaient pas correctement bien que j’aie dument payé, à frustrer, à rager, à stresser et tout ça en faisant endurer des moments insupportables à notre équipe de chauffeur. Encore maintenant, depuis mon départ, j’ai essayé 6 fois sans succès. J’ai pensé m’abonner à un service cellulaire disponible en roulant, mais à 200 $US pour une carte et 60 $US par mois sans compter les frais supplémentaires lorsqu’on est au Canada, c’est vraiment hors de prix. J’ai essayé d’autres fournisseurs, mais ils ne sont pas mieux.

Alors voilà, j’ai décidé de ne plus essayer de perdre mon temps à trouver une bonne connexion. Je vais plutôt me concentrer sur l’écriture en pensant que vous êtes là, mais je vais arrêter de me tracasser avec les connexions internet. Je ne vous laisse pas en plan, mais seulement, ça pourrait prendre jusqu’à 12 jours avant que je publie quelque chose, le temps que je revienne à la maison. C’est ça où rien. Alors, sur la route, je vais vivre des aventures et je vais les raconter en les écrivant, mais vous ne les aurez plus instantanément, et je ne pourrai plus vous envoyer simplement un petit texte pour vous dire où je suis. Je le ferai seulement à mon retour à Montréal où là, j’aurai une vraie connexion qui ne me laissera pas en plan et je pourrai vous copier quelques aventures que j’aurai écrites dans le camion pour ne rien perdre du moment présent. C’est tout de même ce que je faisais, mais j’étais obsédée par la recherche d’une connexion qui souvent me faisait perdre mon temps et dès que je l’avais obtenue, il fallait que je me dépêche pour reprendre la route au plus vite, ça minait ma productivité au volant et au clavier.

Je vous remercie de toujours être là, même si je ne suis pas des plus assidues. Reste à savoir maintenant combien de temps tiendront mes résolutions! Je me laisse tout de même une petite porte ouverte au cas où je trouverais une solution plus adaptée à mes besoins, à savoir une connexion transportable et bonne même en roulant.

Je vous souhaite une Bonne Année 2007! Je vous reviens dès que je rentre à la maison, vos commentaires me nourrissent dans ma créativité et je ne peux plus m’en passer!

Sandra