29 septembre 2008

Buffet pour oiseaux


Dans les truckstops, je trouve souvent des habitués ailés, qui sont là pour les buffets sur les radiateurs. Ils volent de camion en camion, à la recherche des meilleurs mets. Ils y trouvent une variété incroyable d’insectes en provenance de partout en Amérique, sans avoir à voler bien loin, comme pour vous, à l’épicerie, quand vous achetez vos fruits sans devoir aller au champ. Nous leur présentons toujours leur buffet sur une belle grille chromée, digne des meilleurs restaurants!
Ça me fait toujours sourire, j’espère que vous aussi!

Je suis partie en solo pour cette semaine, je ne suis qu’en Ohio, mais hier, j’ai fait un piquenique dans une aire de service, juste à côté d’un vignoble. J’ai cru un instant que les routiers d’à côté se parfumaient à la gomme baloune, avant de me rendre compte que c’était l’odeur concentrée des raisins qui murissaient au soleil. Comme d’avoir le nez plongé dans un verre de jus Welch!

22 septembre 2008

Elle parle avec les tournesols

J’avance dans la noirceur depuis déjà 3 heures de la nuit et il est près de 9 heures ici à l'instant où le soleil rosit l’horizon, puis s’élève doucement sur la plaine du Dakota du Nord. Le lever du jour représente un instant de joie dans ma journée, surtout quand je roule vers l’est et que les rayons m’éblouissent en plein pare-brise.

J’apprécie ces moments de solitude du matin, des moments tellement privilégiés pour me remplir la tête des plus beaux tableaux à mesure que le soleil me les dévoile. Voir la nature changer au fil des saisons et au fil de la lumière du jour, c’est un des aspects du métier que j’aime par-dessus tout.

Alors, quand j’ai remarqué ce champ de tournesols à quelques pas de course d’une aire de repos, une folle envie de m’y précipiter m’a soudainement prise. J’ai bien dû écarteler une clôture barbelée pour ne pas m’écorcher les vêtements, mais tous les risques valaient le coup pour vivre cet instant de plénitude.

Courir seule vers les tournesols, s’arrêter net, trop impressionnée face à ces sentinelles embrassant la lumière. Sentir la plaine m’entourer comme une mer, lever les bras au ciel et éprouver la béatitude de l’instant présent. Moment de grâce. L’émotion me remue, seule dans le champ. Pas si seule en fin de compte, avec tous ces sourires rayonnants qui me dévisagent. Je ne les observe plus, mais ce sont plutôt eux qui semblent élever la tête vers moi pour m’examiner.


Des pistils, ils m’ont demandé ce que je fabriquais là.


— une photo, j’ai dit. Je veux vous saisir en photo, pour ne jamais vous oublier, pour vous partager.


Alors, ils m’ont souri de leurs visages resplendissants. Et j’ai photographié jusqu’à être rassasiée.


Dans quelques semaines, ils n’existeront plus, on les aura déjà pris pour ce qu’ils sont, une nature généreuse, pour leur huile et pour leurs graines.

Beauté, simplicité, authenticité. Toutes les qualités du bonheur. Il y a comme un tableau de Van Gogh qui se peint dans ma tête. Et maintenant, peut-être aussi dans la vôtre!

12 septembre 2008

Comme un mirage de neige



-"Devinez où j'étais"?

Il faisait 30 degrés Celcius et c'était au mois d'août.

Màj:
La réponse est maintenant dans la marge et dans les commentaires, merci de votre participation!

























M.à.j. 2: Voici la photo dont parle Boubou, Ginette et que les autres camionneurs ont probablement déjà vu.

07 septembre 2008

Le camion de la semaine


Je ne vous avais pas encore présenté le nouveau camion. En fait comme il change chaque semaine, il me faudra plus d’une photo pour vous les montrer. Cette semaine, nous sommes partis avec un légendaire Peterbilt. Honnêtement, ce ne sont pas mes préférés loin de là, mais j’aime bien pouvoir manoeuvrer tous les types machines.




J’ai fait une petite pause au soleil matinal pour pouvoir vous exhiber les paysages si colorés de l’Utah.
Toute la matinée, j’ai couru avec un train qui s’entortillait dans la montagne. Plusieurs fois, il m’a dépassée, mais dans la dernière côte il s’est pris la queue et je l’ai eu! Le voici rampant au pied de la vallée. Ils sont des milliers de wagons comme ça, à sillonner l’Ouest avec des conteneurs pleins de marchandise. S’il y avait plus de voies ferrées en Amérique du Nord, nous ne vivrions plus, je le crains. Nous pouvons encore compter sur notre rapidité et notre précision pour continuer à faire compétition au train. Comme là, demain matin, lorsque j’irai directement au centre de distribution dans la banlieue de Los Angeles livrer 20 tonnes de crème — de quoi tartiner le corps de 3065 Californiens à la peau sèche pendant des mois — ce n’est pas un tortillard qui aurait fait cela en 55 heures! Oh! Que non! Quand la peau tombe en lambeau, ça urge! ;c). En fait, si les camions n’existaient pas, je crois que je piloterais un train. Un beau train Santa Fe orange et jaune qui se marie si bien avec les décors de l’Ouest, nous ne ferions qu’un, le paysage, le train et moi.

02 septembre 2008

Confessions et demande de pardon

Fuego,

Je t’ai croisé sur la 401, tu allais vers l’ouest et moi, je rentrais chez moi. Te voir a ravivé le souvenir douloureux d’une aventure que nous avons eu tous les deux.


Aujourd’hui Fuego, je te demande pardon.

Toi tu sais, ce qui s’est passé, une belle nuit de mai, alors que je te pilotais sur une route de campagne de l’Ohio.

Un couple de chevreuil a surgi d’un boisé. J’ai appuyé sur tes freins comme jamais hurlant « Noooooonnnnn! ». J’ai sauvé le premier, qui a traversé avec la peur aux sabots. Mais quand j’ai croisé le regard pétrifié de son jeune copain, il était trop tard. Sous tes
roues, j’ai senti son corps passer. Je te le jure, je ne suis pas née pour tuer. Longtemps, j’ai été troublée d’avoir fauché la vie d’un être vivant.

Quand j’ai pu m’arrêter plus loin, j’ai constaté les dégâts. Ton pare-chocs était légèrement craqué, avec les poils de ma victime sur l’arme de mon crime, ajoutant à l’horreur. Tu dois encore avoir les vestiges de cet accident qui sont restés jusqu’à ce que je te quitte en juillet.





Pardon Fuego! De t’avoir quitté sans t’épiler…


Pardon aussi au pauvre chevreuil et mes condoléances à toute sa famille.