30 septembre 2006

Sandrillon avait perdu son chausson, la suite…

Quand le Chevalier Fuego a rebroussé chemin vers Laredo, il a sans cesse cherché des indices pour retrouver le soulier de son adorée. Il est retourné à l’endroit précis où elle se souvenait, pour la dernière fois, l’avoir chaussé. Lentement sans trop d’espoir, il s’est avancé dans l’aire de repos pour carrosses en scrutant le sol, en mirant l’horizon. Au loin, il voyait des mirages lui laissant croire qu’il allait regagner l’objet convoité. En vain. Il a vu ce qui lui a semblé être un bout de chaussée noire, quand soudain, il s’est aperçu que c’était plutôt l’objet espéré de sa déchaussée ! Il était là, inanimé sous un carrosse à chevaux-vapeur ! Quelle ne fut pas sa joie en l’apercevant de visé ! La princesse avait peine à y croire ! Trois jours de tristesse à espérer l’« inespérable », à désespérer sur l’impossible… Sandrillon s’est précipitée en bas de son carrosse, sans même attendre qu’il s’arrête. Dans un élan de joie, elle a clopiné gracieusement en babouche auprès de son chausson gisant. Sous le carrosse, elle s’est pressée au chevet de son escarpin adoré ! Il était là, tout piétiné, tout écrasé, tout souillé. Il était même investi par une famille de grillons qui, croyant y trouver le confort, y trouvèrent plutôt la mort, écrasée vulgairement par le poids de mastodontes si forts. Même ces termites, ternissant sa chaussure, n’auraient pu éteindre sa joie, tant elle était jubilatoire ! Qu’importe ces souillures, la valeur de ses souliers n’en sera qu’amplifiée ! Félix Leclerc n’a-t-il pas dit : « dépêchez-vous de salir vos souliers, parce qu’au paradis il n’y a pas de place pour les souliers vernis ! ». Une fois sa chaussure lavée, savonnée, rincée, séchée, brossée, Sandrillon, est revenue dans l’antre de son carrosse, en fredonnant « moi mes souliers, ont beaucoup voyagé… » en les faisant danser, en rêvant de ses prochaines aventures à traverser le monde et sa misère, à traîner de village en village pour devenir plus sage !


Dans sa tête, l’écho du chanteur mythique persiste encore…

Moi mes souliers de Félix Leclerc.


Moi mes souliers ont beaucoup voyagé
Ils m'ont porté de l'école à la guerre
J'ai traversé sur mes souliers ferrés
Le monde et sa misère.

Moi mes souliers ont passé dans les prés
Moi mes souliers ont piétiné la lune
Puis mes souliers ont couché chez les fées
Et fait danser plus d'une.

Sur mes souliers, y'a de l'eau des rochers
D'la boue des champs et des pleurs de femmes
J'peux dire qu'ils ont respecté le curé
L'pays, l'bon Dieu et l'âme

S'ils ont marché pour trouver l'débouché
S'ils ont traîné de village en village
Suis pas rendu plus loin qu'à mon lever
Mais devenu plus sage

Tous les souliers qui bougent dans les cités
Souliers de gueux et souliers de reine
Un jour cesseront d'user les planchers
Peut-être cette semaine

Moi mes souliers n'ont pas foulé Athènes
Moi mes souliers ont préféré les plaines
Quand mes souliers iront dans les musées
Ce sera pour s'y, s'y accrocher

Au paradis parait-il mes amis
C'est pas la place pour les souliers vernis
Dépêchez-vous de salir vos souliers
Si vous voulez être pardonnés
Si vous voulez être pardonnés


P.s. : Et ben merde! V’là Sandrillon prise avec un bal sur les bras!

9 commentaires:

Anonyme a dit...

Je suis tellement content de te retrouver ma princesse. J’ai trouvé le temps bien long et inconfortable sans toi. J’étais seul, abandonné, écrasé, sans aucun regard. Mais je savais que tu ne m’avais pas abandonné. Je n’ai jamais perdu espoir de te revoir. Puis tu es venu, m’a retrouvé, m’a chouchouté et j’ai pu reprendre ma place. Quelle joie !
Veux-tu m’accorder cette danse, c’est une valse ?

Anonyme a dit...

Merci, Sandra, pour ce magnifique texte! Quel beau conte de fée si joliment raconté par notre Sandrillon Doyon! Et qui se termine bien aussi, comme tout conte de fée qui se respecte d'ailleurs!... Quoique certains se terminent tout aussi bien, mais d'une autre façon: "Le prince charmant et sa belle princesse se marièrent et eurent beaucoup d'enfants!"... Bon, on ne peut pas demander à tous les contes de fée de se terminer tous pareillement, ce serait ennuyant à la longue, non?!... Dans la finale, on doit se garder quelques variantes alternatives, n'est-ce pas?...

Merci aussi, Sandra, de nous remémorer les paroles de cette magnifique chanson de Félix Leclerc. Dans la mémoire collective des admirateurs de Félix, les souliers ont conservé une place de choix. On n'a qu'à aller faire un petit tour sur le lieu de son repos éternel à Saint-Jean, Ile d'Orléans, pour s'en rendre compte... C'est une particularité qui m'a toujours personnellement fasciné et ému même. La première fois que j'y suis allé, j'étais avec ma Cendrillon. C'était la première et seule fois où nous avons passé une nuit sur l'Ile d'Orléans, le 15 août 1988, exactement une semaine après le décès du chansonnier (le 8 du 8 en 88, à 8 heures 8... vous vous souvenez?!...) et deux ou trois jours après son inhumation. À cet endroit précis du cimetière, la terre qui recevait notre barde québécois était encore toute fraîchement retournée, pour ne pas dire remuée. Et une multitude de souliers de tout acabit régnaient tout autour bien en évidence afin de concrétiser la prophétie de notre roi poète-chansonnier: "Moi mes souliers..."

Exactement 18 ans plus tard (à quelques jours près), en août 2006, je suis retourné sur les lieux, sans ma Cendrillon cette fois-ci qui s'en était retournée dans le monde des fées et des anges... Le même d'ailleurs que celui de Félix et de tous les autres qui nous y ont précédés... Et devinez quoi!... Eh oui, il y a encore et toujours plein de souliers de toutes grandeurs, de tous matériaux, de toutes couleurs, de tous genres qui trônent sur les lieux, sur et tout autour de la pierre tombale de notre Félix national!...

Alors, si vous allez dans le coin de Québec ou de Charlevoix ou même vers le pays de Gilles Vignault, le "pote" de Félix, en arrivant à la hauteur du pont de l'Ile, permettez-vous une petite virée d'à peine quelques kilomètres pour ne pas manquer "cette exposition" de souliers. D'ailleurs, vous n'en verrez aucun verni: ils ont tous été salis... ;-)) Et tant qu'à y être, pourquoi ne pas faire, à la suggestion même d'une autre chanson de Félix, "Le tour de l'Ile"?!...

Anonyme a dit...

Bonjour Sandra,
Bonjour Richard,
Bonjour partenaires de voyages

Je viens de terminer la mise au point ( poings ) de mon ordinateur: il est environ 2 h. 30, dans la nuit de samedi à dimanche.

Sandra,le temps de remettre mon système à jour et de dormir un peu, puis je lirai et commenterai chacun de tes textes. Malheureusement, je n'aurai pas été souvent à bord à l'occasion des premiers voyages de Fuego: J'ai bien l'intention de me rattrapper, sois-en certaine.

Bon dimanche et à bientôt,

André.

Anonyme a dit...

Salut.
J 'ai lu ton article sur les conditions et le ras le bol qu'on peut éprouver au bout d'un certain temps sur la route.Claire et moi nous voyageons le plus souvent possible ensemble sur les routes d'Europe et ce qui nous agace le plus après tout ce que tu viens de raconter c'est quand on nous bloque sur des parkings pour un ou deux jours pour faciliter le départ des touristes et qu'on nous laisse mijoter sans se soucier de nos conditions d'hygiene ou autre.
Au lieu de nous faciliter la vie étant donné que nous sommes le stock roulant de toutes l'économie.Il serait temps qu'il y ait une prise de conscience de ce que nous représentons.
Philippe
Bonne semaine à vous deux

Anonyme a dit...

Euh c'est encore moi je ne sais si ça a de l'importance mais je ne comprend pas pourquoi c'est parti avec anonyme.
Philippe

Anonyme a dit...

Et rien pour les camionneurs en devenir? C'est triste, j'aurais bien aimé leur dire pourquoi je quitte le marveilleux monde de l'informatique pour me retrouver sur la route....Pas grave....En passant, j'ai mon examen à la SAAQ ce vendredi pour ma classe 1, et bien entendu j'ai pas la prétention d'être un camionneur chevronné et je suis bien conscient que la route de l'apprentissage sera longue!!!
Bonne route à vous deux.

La notice a dit...

Si beau Sandrillon, si beau... Je voulais te demander... Tu lui parles au chevalier Fuego... Quand tu ne râles pas sur lui... Qu'est ce que tu lui dis comme mots tendres ? Parler à son camion, c'est parler à qui ? Je t'embrasse de si loin bien sûr...

Anonyme a dit...

Attention, à minuit Fuego se changera en citrouille!!
Bize

camionneuse a dit...

Oh la la! Mon soulier qui m'écrit maintenant!

Jean, tu pourrais quasiment t'ouvrir un blogue avec tout ce que tu as comme souvenir!

André, Ah te revlà toi !

Philippe, tien toi aussi t'es dans le club? Bienvenue dans le club des malaimés de la route et des laissés pour compte in the middle of nowhere!


Y'a Jean-Pol qui tente de faire ma psychanalyse... Bon, qui est Fuego? Je en sais pas, il doit certainement y avoir un peu de Richard quand je parle à Fuego, peut-être aussi une ancienne vision romantique du monde dans le temps où mon cerveau était lavé par Walt Disney.

Denis, t'auras en masse le temps de vivre des bons et de mauvais moments, mais se retrouver seul avec soi même et son camion ça fait du bien parfois!

Daniel, pas dans mon histoire!

Sandra