17 septembre 2006

Les grands saguaros de l'Arizona


Les saguaros de l'Arizona

Il y a un mois environ, nous avons passé quelques jours en attente en Arizona. Je publie ici quelques lignes qui n'étaient pas prêtes jusqu'à ce jour, et qui ne le sont peut-être pas tout à fait encore, mais bon, vous y apprendrez comme moi beaucoup sur les cactus et le désert.

À Nogales en Arizona, quand le satellite a fait bip après deux jours de silence, c'était pour nous dire qu'il serait silencieux pour les trois prochains. Richard et moi nous nous sommes regardés comme si nous avions gagné le gros lot... Youpppi! Toute une fin de semaine pour se rendre à Phoenix et visiter en route. Ce qui aurait été le comble du malheur d'un chauffeur espéré par sa famille depuis des jours, a fait notre bonheur à nous, avides de nouveaux endroits à découvrir, qui ne sommes pas attendus par personne. Très vite, j'ai cherché à joindre un ami de Tucson pour passer le voir. Mon copain Brian, avec qui j'ai étudié l'espagnol à Barcelone, m'a répondu très vite même si nous n'avions pas eu de contact depuis plus de 2 ans, et le lendemain nous avions un rendez-vous à Tucson. Il nous a même indiqué où garer notre équipement.

À Tucson, le casino nous a permis de stationner pour 24 heures. Génial! Le problème de stationnement du mastodonte résolu, Brian est venu nous prendre, et nous a emmenés en voiture dans le parc national des saguaros et au musée du désert, une sorte de jardin botanique naturel avec interprétation de la faune de la flore et des minéraux de l'Arizona. Il faisait une chaleur d'enfer, vous imaginez! Jusqu'à 112 degrés au gros soleil toute la journée.

Je vous rapporte ici des photos de ces arbres charnus dont les feuilles sont des épines. On les prénomme les saguaros. (Les Arizoniens ne prononcent pas le « g » ça donne plutôt « sawaaarôz »).

Ces cactus forment des colonnes qui peuvent atteindre 50 pieds de haut. Ils vivent en moyenne jusqu'à 150 ans, mais parfois plus de 200 ans. Le désert de Sonora est l'unique endroit au monde où ils poussent. Bien que ce désert s'étende grosso modo dans le quart sud-ouest de l'Arizona et dans les provinces mexicaines de Sonora et de la Basse Californie, les grands cactus mythiques de l'ouest rencontrent les conditions idéales pour survivre uniquement en Arizona aux alentours de Phoenix et de Tucson, où la terre ne gèle jamais plus de 24 heures. En effet, les cactus étant très sensibles au gel hivernal qui leur est fatal, c'est spécifiquement à cet endroit qu'ils élisent domicile. Ils ont aussi besoin des pluies diluviennes automnales de cette région pour transporter et faire germer leurs graines. Pluies diluviennes dans le désert? Brian nous signale que nous sommes en plein dans la saison des pluies et que nous avons de la chance de pouvoir déambuler dans les sentiers sans se faire mouiller. Il pleut très souvent d'août à novembre dans le désert de Sonora. D'ailleurs sur toutes les routes, on voit des panneaux indiquant quel chemin prendre en cas de débordement pluvial. Je suis vraiment incrédule en constatant l'aridité du sol. Il me faudra attendre d'être à Montréal quelques jours plus tard pour en avoir la preuve : les inondations monstres de la ville de Phoenix font la manchette dans les médias. Quelle chance nous avons eu de nous faire « cuire » au lieu de nous faire mouiller!

C'est au printemps que les saguaros font des fleurs blanches qui se transforment en poires cactus en été. Les oiseaux et les insectes jouent un grand rôle dans leur reproduction, ils pollinisent les fleurs en buvant leur nectar, fertilisant les autres en les butinant. Depuis la nuit des temps, dans les mois de juin et juillet, les Indiens O'odoham font tomber les fruits avec une perche de bois de cactus mort et les recueillent pour les manger. Ils transforment la pulpe en sirops et confitures et utilisent les graines pour faire de la farine. Ils prennent aussi les fibres pour en faire des boissons rafraîchissantes. Ils fabriquent du vin qu'ils boivent dans une cérémonie, une sorte d'ode pour encourager la pluie à se manifester. Les saguaros sont maintenant protégés par la loi en Arizona et il est interdit de faire la récolte des fruits sauf avec un permis. C'est un peu normal, il faut de 35 à 70 ans avant qu'un saguaro donne des fruits et c'est l'unique endroit au monde où ils poussent. Je n'ai pas vu les fruits des saguaros, mais voici les fruits des cactus qu'on appelle nopals, ils sont bien fuchsia. On dit aussi que ce sont des figues de Barbarie ou encore des poires cactus. C'est le sirop rose de ce fruit que j'ai rapporté pour faire des margaritas et que Mijo a gagné. Je vous mets aussi la photo de fruit jaune qui ressemble à des mini ananas, ils poussent sur des cactus dont je ne connais pas le nom. Peut-être est-ce le fruit des saguaros? Je n'en sais rien.

Près du sommet de certains saguaros, on aperçoit souvent des petits trous noirs bien ronds. Avec son bec, le pic-bois perce la chair verte de ces cactacées pour faire son nid sans jamais toucher le bois. Les saguaros sont constitués d'une ossature bois qui font penser à une cage d'oiseaux. À la base, les bois se rejoignent pour solidifier la structure, mais vers son sommet, les tiges longilignes forment des barreaux comme une cage d'oiseaux qui justement y font leur nid. Quand le pic-bois délaisse sa maison perchée, il a rendu un fier service à une foule d'autres oiseaux incapables de faire un tel trou qui viennent y élire domicile à leur tour. La cime des cactus est un endroit privilégié pour se protéger des prédateurs. Qui oserait grimper dans un terrain si épineux?

Au musée du désert, on y a regroupé la majorité de la faune de la flore et des minéraux. C'est là que j'ai appris que la pierre fine de couleur turquoise, utilisée dans la confection de bijoux très à la mode ces dernières années, fait partie des sols de l'Arizona. J'en ai même rapporté une trouvée sur place! Le musée dépose des fragments de roches que les mines rejettent dans un carré défini et les touristes comme moi scrutent les roches à quatre pattes à la recherche d'un trésor oublié. J'ai récolté quelques cailloux colorés qui trônent désormais dans ma bibliothèque.

Les cactus appelés « organ pipes » (traduit par tuyaux d'orgue à moins que vous ne connaissiez une meilleure traduction) sont présents plus au sud, mais nous avons eu la chance d'en voir quelques spécimens en marchant dans les sentiers. Voici quelques tuyaux d'orgue piquants s'élançant vers le ciel.

On a pu observer de près, bien endormis dans leur terrarium, des serpents, des scorpions et des tarentules, non sans me rappeler qu'ils sont aussi présents dehors à l'état sauvage. Les serpents à sonnettes ne sont pas vraiment dangereux que Brian m'a dit. Il n'en a vu que deux fois dans sa vie et il me rassure en me disant qu'ils avertissent toujours de leur présence en faisant bouger leur queue à sonnettes. N'empêche! Toutes ces créatures qui peuvent tuer... Mes parents m'ont toujours dit que les petites bibites ne mangeaient pas les grosses (la grosse bibitte c'était de moi dont ils parlaient...). Ici au sud, cet adage de parents voulant rassurer les enfants est faux. J'ai vu une fois une tarentule près de mon campement au Nouveau Mexique il y a 12 ans. Elle a causé tout un émoi dans le camping. Un gars de la place, qui semblait habitué d'en voir, l'a prise avec un bout de bâton pour la mettre dans une chaudière pour la reconduire plus loin dans la végétation. Je suis rentrée dans ma tente pour ne plus en ressortir avant le lendemain matin. Au même endroit, un scorpion blanc la queue en l'air, prêt à attaquer, se trouvait dans ma chaussure lorsque je suis sortie de la douche. J'avais déjà entendu parler des scorpions noirs très dangereux, mais jamais des blancs. Pour m'informer avant de toucher ladite bibite, j'ai demandé à la Mexicaine qui nettoyait l'endroit si elle savait si cette bestiole représentait un danger si je la touchais. Quand je lui ai pointé l'insecte blanc, elle s'est mise à crier comme une folle et à lever son balai comme une possédée du démon. Elle lui a asséné une dizaine de coups de balai en criant de tous ces poumons. Je la regardais pantoise... Je vous jure que le scorpion n'a eu aucune chance et que les derniers coups de balai étaient, disons... une démonstration de sa puissance extrême... Aujourd'hui, j'aurais bien aimé que ce petit bout de femme armée de son balai soit avec nous pour la randonnée. Elle me les aurait assommés les serpents, scorpions et tarentules! Pour la photo de serpent, je l'ai déjà publié précédemment.

Mais admirons plutôt un oiseau-mouche, il était si près que je lui ai presque touché la patte. Ils volaient près de nous comme s'ils cherchaient à butiner sur une chemise à fleurs. Pas de chance, je portais un t-shirt uni!

Enfin, même si j'en garde un souvenir impérissable, le désert n'est vraiment pas un habitat auquel je pourrais m'acclimater comme cet écureuil gris pareil comme ceux des parcs de Montréal que j'ai vu soupirer, bien affalé à l'ombre sur un rocher. Il semblait me dire:

— Envoye! Pose là ta pinotte! Il fait ben trop chaud pour manger, tu vois pas? (il avait gardé son accent québécois.)

Le désert, je laisse ça à Céline Dion. Je préfère de beaucoup une bonne tempête de neige que la chaleur torride un jour d'été à Phoenix. Mais vraiment, ça vaut le coup de voir tout ça une fois pour constater qu'il y a vraiment de la vie partout, même aux endroits où l'on ne veut pas vivre sur cette planète bleue.
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6 commentaires:

Anonyme a dit...

Quelles découvertes passionnantes, Sandra. Merci!

Anonyme a dit...

Tellement dépaysant ce billet.

Les fruits du nopal sont vraiment étranges avec cette couleur fushia.
C'est vrai que l'on dirait des figues de barbarie. J'ai vraiment hâte d'en goûter le jus.

Anonyme a dit...

Une chance que tu n'étais pas dans tes souliers, si le sorpion t'avais manqué, il est clair que la mexicaine aurait fini la job!!! Pour ce qui est des "organ pipes", je peux parier que Daniel t'en sortiras quelques uns...!

Anonyme a dit...

Oui, cactus en tuyaux d'orgue ou (accroche toi à ton volant), cierge marginé...

Bruno S.

Anonyme a dit...

Avec des piquants comme ça!? Non, non ça ressemble à rien que je connaisse! Boyau d'ogre peut-être?
Très, très belles photos! Cela nous change un peu des armes semi-automatiques! et des coupes champignons!
Bize et merci

Anonyme a dit...

Toutes ces photos et ces mots me rappellent tellement de souvenirs...je suis allé en vacances il y a longtemps en Arizona...quelle chaleur !! Vous êtes habitués mais en France pas du tout :-)
Bonne journée sur les routes !