14 février 2006

Une vue intérieure de la table ronde des camionneurs


Toute pimpante, j’ai déambulé dans le long corridor de radio-canada. J’étais impressionnée par les reliques historiques des émissions de mon enfance, un gros hibou que j’ai déjà vu étant petite à la télé et que je vois là, en vrai, derrière sa vitrine. L’édifice est immense, 1700 employés par la société d’État et je soupçonne qu’il y en ait au moins deux fois plus pour toutes les boîtes indépendantes de production. N’entre pas là qui veut. La sécurité s’assure que les invités ont des rendez-vous confirmés. La première chaîne se trouve au rez-de-chaussé, l’accès est verrouillé mais je suis attendue. Je n’ai pas le temps d’apprécier la grande salle de nouvelle et de rédaction. Tout de suite, la jolie dame au gilet rose et aux lunettes rouges m’emmène dans le studio 93. Au passage, je remarque des dizaines de télévision ouvertes à toutes les chaînes, les clapotis des claviers, les bribes de conversations téléphoniques, une analyse politique. Ça fourmille.

Elle va vite se réinstaller à son poste qui domine les commandes techniques en parterre et le fameux studio tout vitré avec Marie-France et Hélène Pednault dedans. J’observe de côté.
Lorque que je suis arrivée au studio 93, Martine était déjà là. Michel me talonnait sans que je sache. Nous avons engagé la conversation naturellement comme nous avons l’habitude de le faire sur la route. Nous pratiquons le même métier, mais portons différents bagages.

Hélène Pednault qui venait de terminer son éditorial sur l’actualité de la semaine dernière est sortie du studio, elle cherchait son manteau. J’étais assise dessus ! Sa doudoune me servait de cale-reins… Un grand blond est arrivé en trombe avec des pages de notes. Nous pensions que c’était le dernier chauffeur pour compléter la table ronde. Mais il est allé seul, comme un habitué, rejoindre Marie-France dans son aquarium. C’était le « décrypteur » de tendance Nicolas Langelier. Je l’imaginais plutôt brun, alors j’étais surprise de voir un grand blond. Steeve est arrivé à l’heure convoquée, soit à 9 h 50 min, nous avons poursuivi la conversation et on nous a fait entrer à notre tour dans l’aquarium pendant les nouvelles.

La très rayonnante Marie-France est aussi chaleureuse en vrai que dans mes écouteurs de baladeurs sur la route. Nous avons eu quelques minutes pour nous installer.

J’ai déplacé le microphone pour mieux voir mon interlocutrice. C’était un signe « synergologique » pour mieux entrer en communication… Aussitôt, l’homme au tableau de bord plus compliqué que celui de mon camion a accouru pour le replacer quelques secondes avant que l’on entre en ondes. J’ai présumé que c’était le technicien du son. Mais c’est que la boule noire m’arrivait en plein dans les yeux ! J’ai fini par l’oublier pendant la conversation radio.

Sous le micro, dans les mains de Marie-France, j’ai entrevu ses feuilles de notes remplies de mots clés avec un code couleur bien compliqué cachant des heures de préparations pour être aussi naturelle et professionnelle en direct tous les jours. À mes yeux de néophyte, son cryptage coloré m’apparaissait comme des hiéroglyphes mystérieux.

Une telle force de concentration est hors du commun. Animer une émission quotidienne de 2 h 30 min, avec des sujets aussi variés tels que la politique, le cinéma, la littérature, le théâtre, la géopolitique, le vin, l’humour, les petits pots de crème, alouette, sans jamais perdre le fil avec des possibilités de distractions énormes de la part de ses invités qui voudraient bien poursuivre la conversation avec elle quand les micros sont fermés.

Mais le temps défile, le compteur ne peut être truqué et tout de suite, l’homme assis avec la dame en rose à l’accent subtil du Lac-St-Jean est venu nous presser gentiment de quitter le studio, parce que Marie-France entrait en ondes dans les secondes, elle a tourné la page de notre entretien et elle passe à l’autre sujet avec un aplomb. Quel dommage que nous devions quitter le studio aussi subitement ! Il n’y a pas vraiment de place pour attendre après l’émission sans en déranger le cours, ni de salle pour les invités, comme les V.I.P. à l’aéroport, alors on sort tous à la bourre, sans dire vraiment au revoir et merci.

Nous sommes tombés nez à nez avec la belle, talentueuse et timide Sophie Lorain, avec qui j’aurais aussi aimé engager une conversation, mais ce n’était pas le moment. Ça ne le sera probablement plus jamais.

Les autres m’attendaient, Martine avait un rendez-vous, Steeve recevait des appels, Michel partait le soir même sur la route. Nous étions tous ravis d’avoir fait connaissance.

Et puis j’étais un peu déçue… J’ai oublié de prendre une photo en studio. J’ai cherché une publicité d’indicatif présent comme sur les autobus pour avoir au moins la photo de Marie-France, mais en vain.

Je me suis rappelé les dizaines de camions de la société stationnés à la sortie. J’ai pensé faire une photo de groupe. Steeve a attrapé au vol un chauffeur de camion du média national. Ce fut une occasion supplémentaire de parler du métier. Celui-là même qui s’est redu à la Nouvelle-Orléans pour couvrir les ouragans. C’est aussi ça, être chauffeur. Grâce à lui, vous avez eu des images radio-canadiennes pendant les événements tragiques, et vous avez maintenant droit à notre photo ! Nous voici tous les quatre posant fièrement devant un camion de radio-canada.

Michel Patry l’homme à lunette est le plus expérimenté d’entre nous, qui fait maintenant de la courte distance pour être auprès de sa famille tous les jours ou presque. Le grand à casquette, c’est Steeve, celui qui ski et surfe jusqu’en Californie et qui profite de la vie, la brune aux cheveux bouclés, c’est moi. La petite, c’est Martine, c’est celle qui a le boulot le plus difficile d’entre nous. Celle qui roule en destination de la côte est des États-Unis avec des pertes de temps irrécupérables, celle qui traverse les douanes quasi quotidiennement, qui livre tous les jours, qui vit les pires tempêtes de l’hiver, qui peine à trouver un truck-stop sur sa route pour se reposer, se ravitailler et se doucher. C’est aussi ça le dur métier de camionneur.

Heureusement, je suis privilégiée et je m’amuse en travaillant. Le Sud-ouest américain nous permet de bien nous reposer et de choisir un endroit pour nous ravitailler quotidiennement.

Nous avons eu beaucoup de plaisir à vous parler à la radio. Nous avions tous des points de vue différents puisque nos destinations et expériences sont distinctes.

Nous nous sommes quittés précipitamment comme si la route nous attendait de nouveau.

Effectivement, la route m’attendait. Avec mon valentin, je suis en route pour Laredo au Texas. Un voyage facile, sans contrainte, qui me permettra de vous écrire plus souvent. Je me fixe comme objectif de vous écrire au moins une fois par semaine. Mais venez plus souvent, vous pourriez avoir des surprises !

Cliquez ici pour réentendre
la Table ronde des camionneurs.

10 commentaires:

Anonyme a dit...

Bien sûr, j'étais là! :) Vissée aux haut-parleurs, enchantée de réentendre ta voix et charmée d'entendre le vécu des 3 autres comparses de ta colonie routière. Ce fut instructif et... franchement trop court, bien sûr ;).

Merci pour les photos!

Anonyme a dit...

oké je suis près pour les surprises...

Panthère rousse a dit...

La table ronde était très intéressante et je suis bien contente de savoir maintenant de quoi tu as l'air. Effectivement, tu ne «fittes» pas dans les stéréotypes de camionneuses...

Anonyme a dit...

Voici deux photos de Marie-France:
http://www.petitmonde.ca/cd_images/doc_29677.jpg
http://www.aqrp.net/images/bazzomf.jpg

Tu peux en trouver d'autres sur images.google.com

camionneuse a dit...

Simon, merci pour les photos, mais j'en voulais une avec nous quatre et Marie-France en studio. Je vais garder ça pour moi dans ma tête... Vous devrez vous contenter d'imaginer.

France, j'espère que ça n'a pas fait mal de visser comme ça les haut parleurs dans tes oreilles! ;)

Louis-Martin, soit patient, faut que je roule aussi et dorme un peu...

Panthère, faut dire que j'étais sur mon 36, mais j'ai pas l'air de ça quand je roule... Je suis plus amochée. J'ai un texte la-dessus qui sera bientôt publié.

Merci à tous!

Grand Manitou a dit...

J'ai manqué ça... pour cause de "pas revenu de Corpus Christi, Texas" à temps.

Par contre, je vais l'écouté aussitôt que possible (difficile à faire à la maison parce que nos haut-parleurs sont comme qui dirait "pardu dans malle").

Pour un documentaire, il existe "5 pieds 2, 80 000 lbs" qui est présenté de temps en temps à la télévision. Très bon. Malgré tout, cinéaste, vos caméras! On en veut d'autres! (Mais avec Télé-Québec qui vient d'être pour ainsi dire fermé...).

Effecivement, l'émission doit être très préparée, par une grosse équipe, parce que c'est toujours diversifié et pertinent.

Jeff

Anonyme a dit...

Maintenant, quand je me chante "oh ma belle promeneusse" j'ai un visage en tête.
Avec la musique, elle n'est pas si triste que ça cette chanson, après tout !

Julie Kertesz - me - moi - jk a dit...

felicitations!

Anonyme a dit...

Un réel plaisir d'écouter cette émission, on en sait plus, on découvre et on apprend.

Une émission rondement menée, des intervenants sympas sacant bien parler de leur métier. Des propos joyeux. Vraiment sympas.

Anonyme a dit...

Je vous félicite pour cette table ronde. J'ai fait un CD que je compte bien utiliser comme trame de fond de la salle des chauffeurs, pour leur démontrer les points positifs de leur métier. Trop souvent, le négatif prend toute la place. Et bravo pour votre blogue, vous me donnez l'idée de donner une espace "blogue" sur le site Internet de la compagnie pour que nos chauffeurs puissent partager leurs expériences et leurs photos. Encore une fois, félicitation. Vous faites un métier digne de mention.