31 octobre 2008

Danser le tango avec la mer.

On a marché un peu sur la plage, la mer nous jouait son plus bel air en tanguant, puis on s’est assis sur les meilleurs sièges de sable moulant pour voir les oiseaux donner un spectacle plutôt bien chorégraphié. Il n’y avait pas de programme ou d’affiche pour que je lise leur nom, mais je peux vous affirmer qu’ils ont un bec en forme d’aiguille et de petites échasses qui vont si vite qu’elles disparaissent quand ils se mettent à courir après les vagues. J’ai observé leur jeu pendant un bon moment, ils galopaient vers l’eau comme pour la rattraper, piquaient leur bec fin quelques fois dans le sable pour y puiser je ne sais quoi et dès que l’onde écumante regagnait le rivage, ils se tournaient vers nous en prenant leurs jambes à leur cou, comme pour ne pas se les mouiller plus haut que les genoux! Et il répétait.
J’ai compris qu’ils dansaient un tango avec la mer.
Derrière, le soleil se couchait. Il était 21 h 30 pour nous, gens venus de l’est, tout juste l’heure de rentrer au port d’attache dormir près de la remorque pour la protéger.
Un spectacle si beau, si extraordinaire, moi qui vit en ville, j’oublie trop souvent que la nature est la source de tout, même de l’inspiration des plus grands artistes de tous les temps, comme Gaudi mon architecte et sculpteur favori, dont toutes les formes sont puisées de ses observations de la nature.
Et je ne vous ai même pas encore parlé de vos fraises à 3$ la barquette cette semaine. Elles cachent un tas d’histoires je vous jure!

Athlète de mer

Les surfeurs sont arrivés eux aussi pour jouer avec les vagues, cette zone est — parait-il — le meilleur endroit pour faire du surf au sud de la Californie. Je suis captivée de les voir lire la mer dans ses pensées pour choisir sa meilleure vague, nager pour la rattraper, se hisser sans ambages sur leur planche en se prenant pour un avion, chevaucher la déferlante et atterrir doucement avec elle, puis recommencer. Surfer est un si beau sport à regarder. Nul besoin de commentateur, juste le son des vagues. Je suis béate devant ces athlètes de la mer.

Avouez que c'est pas mal plus beau que la F-1 n’en déplaise à Cécile( mon amie la plus paradoxale : journaliste-écolo et férue de F-1, ) et aux adeptes de sports motorisés, dont je ne suis pas (une camionneuse tout aussi pleine de paradoxes, elle « hagui » tous les sports à moteur!)

Camionneuse et ses 7 tuyaux, no 6 et 7

Parce que dans chaque camionneur il y a un touriste!

No 6. De la terrasse du Coffee Bean, après un vrai café ou un chai latte et biscottis, si vous n’êtes pas trop vanné d’avoir
chauffé votre « van », vous pouvez prendre le « border-walk » et marcher plusieurs kilomètres le long d’un canal pour retraités millionnaires à l’ambiance banlieusarde proprette avec fond sonore de bruit de tondeuse, mais tout de même calme et tranquille, pour nous changer du brouhaha de la route. Vous pouvez marcher jusqu’à la rue « Channel Island » (20-30 minutes), vous passerez sous les ponts et le vacarme de la rue jusqu’au « Oxnard fisherman’s wharf seafood co », où vous pouvez manger du crabe roche, du homard, des crevettes et une variété de poissons panés ou grillés. Richard trouvait que ça avait l’air sale et mal entretenu, il a raison, mais moi, ça ne m’a pas coupé l’appétit pour autant! Pour 18 $, nous avons partagé un ceviche de mahi mahi et 25 crevettes bouillies plutôt fades et sans gout (l’intuition, c’est Richard qui l’a!). Par contre, il y avait des assiettes plus appétissantes que ce que nous avons choisi. Il n’y a pas de salle à manger à l’intérieur, suelement une terrasse pour manger dehors alors il faut qu’il fasse beau. Nous y sommes allés en camion (stationnement très grand sur Victoria de l’autre côté de Channel Island et derrière le « Oxnard fisherman’s wharf seafood co »), j’y serais allée à pied comme je vous le suggère si nous n’avions pas eu les 3200 miles des deux derniers jours dans le corps.

no 7.
À Oxnard, il y a aussi une magnifique plage au « Mandalay bay Park », mais le stationnement est payant (1 $ l’heure, l’ennui c’est que ça nous en prend au moins 3!). On a pris le risque de payer pour une place, ça a valu le coup! Les maisons au bord de la mer, la plage et les surfeurs ont de quoi inspirer.

Bonne cueillette de fraises!

Camionneuse et ses 7 tuyaux, nos 4 et 5

Parce que dans chaque camionneur il y a un touriste!

No 4. Le meilleur semi-truckstop d’Oxnard

Supermarché pour vous ravitailler en produit californien et en vin (je sais, on n’a pas le droit, mais c’est juste du jus de raisin fermenté); resto de sushis; café internet avec wifi gratuit sur terrasse ensoleillée avec fontaine de bronze; tout ça au bord d’un canal, menant à la mer, bordé de bateaux, de voiliers et de palmiers. Ne manque plus que la douche pour en faire notre paradis. (Il y a toujours la fontaine si vous y tenez, mais ne me faites pas honte!)

Où ça? À 3 miles de chez Dôle. Au petit centre d’achats tout neuf, au coin de Wooley et Victoria. (Directions : prendre Gonzales vers l’est, d’où vous êtes probablement venu, tourner à droite sur Victoria vers Oxnard (premier feu de circulation), rouler 3 ou 4kms jusqu’à Wooley, vous verrez le centre d’achat avec le Coffee Beans.
Mais ne vous aventurez pas avec votre remorque! (quoique vous pourriez faire semblant de livrer à l’épicerie, il y avait un « day cab » et son 53 pieds de Pepsi).

No 5.
Bon à savoir : tous les cafés de la chaine « The Coffee bean » ont le wifi gratuit. Il suffit de repérer le code sur l’écran de télé à l’intérieur pour y accéder, alors que chez Starbuck il faut payer 10 $/jour! Découverte de la journée! C’est cette chaine de cafés que je chercherai désormais.

Camionneuse et ses 7 tuyaux...

Parce que dans chaque camionneur, il y a un touriste!

Je démarre une vague, Camionneuse et ses 7 tuyaux. Faites pareil sur vos blogues, camionneurs avides de découvertes. Je pense à Boubou et à Sophie, mais aussi à tous mes collègues de chez Trans-West qui iront ramasser vos fraises à Oxnard en Californie.

No 1 : D’abord, vous laissez votre remorque chez Dôle, « in the dirt area » comme ils disent, aussi longtemps que vous voulez, c’est accessible 24 h (nous avons un « lock pin » par mesure de sécurité).


No 2 : Ventura Harbor Village est le meilleur endroit pour manger et voir la mer en moins de 3 heures. Le stationnement est gratuit et facile en semaine à ce temps-ci de l’année.
J’imagine qu’en haute saison, ça doit être plus difficile de garer le mastodonte qui prend 4 places (sans la remorque). Si la salade grecque ne vous dit rien, vous trouverez une bonne dizaine de restaurants et cafés, presque tous avec terrasse (sans soleil le soir, par contre), pour faire votre choix. J’aurai bien essayé le restaurant « Andria’s seafood and market », une espèce de cafétéria de fruit de mer. On y trouve du poisson local grillé, pas seulement du « deep fried » comme les Américains ont la fâcheuse manie de faire. Les assiettes que j’ai vues comportaient les portions de légumes appropriées pour votre santé (pas des frites et des patates!), c’est bien là la preuve qu’on est en Californie! Ça aurait été mon deuxième choix, plutôt abordable quand notre dollar est à parité, mais j’ai mangé sans savoir que je perdais plus de « 20 cennes dans la piastre »! Mais bon, ce n’est pas tous les jours qu’on peut en profiter alors… Au diable la dépense!

No 3: Si votre compagnon de route veut rester à dormir parce que le jour, c’est sa nuit, il y a toujours le camping-plage qui peut se faire à pied (environ 2 km). Il n’y a qu’à traverser le champ de fraises à l’ouest et piquer un peu vers le nord pour le camping. La mer est vraiment tout près, profitez-en! P.-S. Je n’y suis pas allée, mais faites-nous part de votre expérience si vous y mettez les pieds et les roues avant moi.

23 octobre 2008

la suite au port de Ventura


On a marché le long de la baie, pour voir la multitude de restaurants et boutiques plutôt désertes en ce lundi soir d’octobre et admirer les voiliers et yatch de plus près. Tous près des bateaux de pêcheurs et des palans de déchargement, on a érigé un monument pour les marins du village engloutis par la mer. Des centaines de noms. J’ai été fascinée tant par sa beauté que par sa profonde signification. Tous ces marins dans la fleur de l’âge, toutes ces familles décimées par l’océan, rappelant que sous ses attraits, la mer cache sa sournoiserie. Des goélands argentés rodaient près des terrasses et du « Fisherman Market », à la recherche d’un repas facilement gagné, je me demande si la mer les engloutit parfois, eux qui sont faits pour la mer avec leurs pattes palmées. Un homme est passé près de nous avec, dans une poubelle attelée sur un diable, un gros saumon dont la queue dépassait et plusieurs crabes roches que j’ai à peine eu le temps de voir. Il ne s’est pas arrêté pour que je le prenne en photo, il avait peur que ses crabes roches agonisent sans eau, un homme attentionné je ne vous dis pas! Je l’ai vu rentrer au restaurant de sushi et fruit de mer. Pour 45 $ l’heure, vous pouvez louer cette coquette embarcation électrique pour vous promener dans les canaux du port.

Bientôt une suite...

21 octobre 2008

Promenade au port de Ventura

Pendant que les fraises poussaient dans les champs, nous avons eu le temps de profiter de notre position stratégique près du Pacifique (de 16 h jusqu’à 18 h le lendemain). Chez Dôle rue Gonzales, on a pu décrocher la remorque et rentrer dormir auprès d’elle après la fermeture du client. On avait pris soin de lui mettre un cadenas sur son attache — « un lock pin » comme on dit dans notre jargon — pour éviter qu’un autre camion ne nous la vole.
Avec l’aide du tout nouveau gadget de Richard — un GPS « garmin nüvi » qui parle français avec un accent de Paris en insistant sur les expirations des voyelles comme Ségolène « uhiiiiii » (oui) —, on a étudié la carte et repéré les attractions et restaurants et on est partis à l’aventure (mais pas à l’aveuglette grâce à la Parisienne qui nous dictait le chemin et Richard qui justifiait son précieux achat à chaque fois qu’on tournait un coin de rue).
À Ventura, on a découvert le charmant village créé de toutes pièces pour les plaisanciers en bateaux (ou en camion!). On s’est arrêté casser la croute sur la terrasse couverte du grec, avec comme panorama, des centaines de mâts de voiliers et quelques petites embarcations électriques contrastant avec les énormes bateaux de pêcheurs équipés pour la haute mer. J’ai choisi, parmi la déclinaison impressionnante de salade, la grecque avec crevettes pour célébrer l’air marin qu’on respirait à pleins poumons.










La vue sur le port est magnifique, surtout à cette heure où le soleil l’éclaire en oblique en magnifiant les couleurs.





Le reste s'en vient bientôt...

À l'autre bout du continent


Je touche le Pacifique. En attendant que vos fraises poussent. À Oxnard en Californie. Des nouvelles bientôt...

12 octobre 2008

Sur la route du train




Quand j’ai laissé ma remorque pleine de pains d’épices près du train, il a fallu que j’attende celle en provenance de Californie, bourrée de chocolat! (Y’ a comme un thème sucré à ce voyage!)





Comme il faisait beau et que j’ai un faible avoué pour les trains, je m’en suis donnée à cœur joie en marchant et le long des voies ferrées pour observer de plus près les locomotives de mes rêves : les belles oranges et jaunes de BNSF, qui serpentent toute l’Amérique. Santa Fe a des locomotives de toutes les couleurs, cette fois, j’en ai vu des jaunes, des bourgognes et des vertes comme la pelouse. Certaines n’ont même pas besoin de chauffeurs! Elles sont téléguidées, alors j’avais intérêt à faire gaffe pour qu’elles ne se mettent en marche pendant que je me trouvais sur sa voie. J’aurais voulu rencontrer un chauffeur pour savoir quel genre de vie ça mène un cheminot, j’ai pu entrapercevoir la cabine qui a vraiment l’air microscopique. Et puis y’ a-t-il un cheminot de BNSF qui blogue? Je meurs d’envie d’en savoir plus sur leur vie!

Je ferroute!

Brampton. Ontario.
Ça sent Noël à l’usine, comme si je rentrais dans une maison pendant les préparatifs des fêtes. Il fait chaud comme quand on vient de faire quelques fournées de biscuits et ça sent la brioche à la cannelle qui vient tout juste de sortir du four. Ici, on me charge de kits de maison en pain d’épices pour la Californie. Au passage, j’ai juste envie de me voler un morceau de toit pour le mordre en respirant. Ils semblent encore moelleux, mais je n’ose pas… Les gars des charriots élévateurs sont comme des lutins qui s’affairent à déplacer les boites pour les expédier aux quatre coins de l’Amérique. Moi, je n’irai pas jusqu
’en Californie, mais jusqu’à Chicago, car je vais ferrouter! Vous aurez beau chercher dans le dictionnaire si vous voulez, mais c’est un verbe qui existe. Comme le mot ferroutage d’ailleurs.

Voici ce que me dit Antidote, mon logiciel favori :
[TECHNIQUE] Moyen de transport combiné des marchandises par remorques routières acheminées sur des wagons plats utilisé pour éviter les transbordements.

Et maintenant, une petite vidéo que j’ai tournée au passage.



La photo suivante est le charriot élévateur qui peut soulever toute une remorque de plus de 60 000 livres.













Mais plus bas, c'est cette araignée géante qui fait le plus gros du boulot. Elle passe carrément par-dessus le train où elle gobe une remorque après l'autre pour les mettre sur un wagon ou les en retirer. Les camions jaunes quant à eux, alignent les centaines de remorques le long de la voie ferrée pour les embarquer et prennent les remorques qui arrivent pour les stationner dans la cour, là où moi et les autres chauffeurs allons les prendre.