26 février 2006

Le calme après la tempête

Je suis de retour à Montréal. Je me repose pour quelques jours. Je vous mettrai quelques photos pour patienter jusqu'à mon prochain départ prévu pour jeudi. (J'ai trouvé des moustaches pour Julie!)

À bientôt!

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22 février 2006

Les quatres saisons

Voici une photo du nord du Texas juste avant
de rencontrer la tempête de verglas.

Dimanche soir nous étions à Hamilton en Ontario, mais nous voilà de nouveau à Laredo au Texas en attente pour rentrer chez nous. La glace avait fondu en Arkansas quand nous y sommes repassés. ouf!

Il fait enfin beau et chaud. J'ai vu les premiers bermudas de la saison.

À bientôt ;c)
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20 février 2006

Hommage aux dompteurs d’asphalte

Ce matin, je me réveille au nord du Texas avec une impression d’automne. En faisant mon tour quotidien d’équipement, je me suis laissée tenter par le tapis de feuilles craquantes sous mes pieds.

Mais l’hiver était tout près, je le savais. Très tôt, j’ai commencé à entrevoir quelques camions pleins de neige en sens inverse. J’ai fait semblant de ne pas les voir, mais rapidement, j’ai dû me rendre à l’évidence : l’hiver était là, sous mes roues. J’ai d’abord aperçu une preuve irréfutable sur le thermomètre de bord : moins cinq degrés Celsius. Comme si ce n’était pas assez pour que j’y croie, une mince couche de glace s’est formée sur mes rétroviseurs. Mais qu’est-ce qui se passe ? Je ne suis qu’en Arkansas ! Le gel est censé être bien plus au Nord. Quand je vous dis que l'hiver est fâché, il m’a rattrapé ! Il pleut légèrement et le bitume se glace.

Dans l’État de Bill Clinton, on ne sale ni ne gratte les routes. On s’en remet à Dame Nature, qui aujourd’hui a décidé de saupoudrer deux centimètres de verglas sur l’autoroute 40. C’est le K.O.. L’équipement de déneigement de l’État de l’Arkansas, se résume à quelques sableuses pour des milliers de kilomètres de route. Dans les contrées plus nordiques, on asservit ces températures communes. Mais ici, il n’y a qu’à voir la ridicule camionnette de l’État qui tente de sabler parcimonieusement la patinoire qui vient vite à court d’abrasif, pour se rendre compte que la situation n’est pas contrôlée. Je pense à Céline Dion et à son élocution larmoyante à la télé après Katrina : « Take a Kayak ! » Je l’imagine faisant la même chose pour la tempête de verglas « Take a Gratte ! » mimant le geste et essuyant ses larmes.

Il y a trois ans, la route avait été complètement bloquée pendant trois jours et les hélicoptères avaient dû ravitailler les gens. Des milliers de camions ne pouvaient plus avancer faute de carburant, les stations de service étant à sec. Je crains que la même situation ne soit en train de se répéter. Mais cette fois, je ne la regarde pas assise confortablement dans mon sofa : je la vis en direct de mon camion. À la radio, on annonce une température sous le point de congélation pour les deux prochains jours. . À défaut d’équipement , l’État ne tentera rien. Le thermomètre est la seule solution de déglaçage.


À l’école de conduite des poids lourds, on nous enseigne à nous ranger dans un endroit sécuritaire et d’attendre que les équipes de déneigement fassent leur boulot. Mais les arrêts routiers sont bondés et débordent jusque sur l’autoroute. Au CB, j’entends un chauffeur se demander où il va pouvoir stationner « sa grosse femme » en parlant de son lourd attirail. Il n’y a pas moyen de s’arrêter. Je n’ai jamais eu autant envie d’une bonne tempête canadienne bien domestiquée. Là où les dompteurs d’asphaltes fouettent la chaussé à grands coups de sel, de sable et de gratte. Là où le gel ne transforme pas un État en zone sinistrée. Là où l’hiver ne fait pas la pluie et le beau temps. Je rends hommage à ces collègues, dompteurs d’asphalte, qui, tandis que les médias vous recommandent de rester chez vous pour votre sécurité, prennent la route contre vents et marées et ouvrent nos chemins. Ils me manquent cruellement par le temps qui court. Alors chauffeurs de saleuses, de niveleuses et de sableuses, je vous lève ma tuque !

Les dresseurs de bitume n’existent pas ici. Dans ces conditions, on s’en remet à notre bonne conduite. La route est une patinoire, les véhicules font des arabesques et valsent jusque dans le décor. Et il n’y a pas que les patineurs olympiques qui tombent, quelques athlètes de l’autoroute terminent leurs courses étendus dans le fossé. Les autorités ne ferment pas les voies de communication : les accidents s’en chargent. Un camion s’est fâcheusement mis en porte-feuille et barre le chemin, tandis qu’un autre s’est échoué dans le terre-plein. Les glisseurs sont bloqués pour quelques heures. La queue de trafic est monstrueuse. Nous sommes aux premières loges, je peux descendre et observer l’action. Heureusement, personne n’est blessé et nous sommes assez autonomes pour attendre de longues heures. Au programme, lecture et télévision locale que nous captons bien avec notre antenne. Un vidéoclip joue : dans un décor bucolique de montagnes et de verdure contrastant curieusement avec le verglas que je vois par ma fenêtre, un preacher-cowboy qui ressemble étrangement à Bill Clinton avec le sex appeal d’Elvis Presley chante des cantiques à Dieu avec sa guitare. De quoi damner les ménagères que j’imagine en pâmoison devant leur petit écran. Elles assisteront probablement à ses spectacles comme si c’était Ricky Martin. Je me suis tapé son « greatest hit » en riant jusqu’à ce que Richard en ait complètement marre.

Deux heures passent, la route est dégagée de ses obstacles, nous nous remettons à patiner à 20 km à l’heure.

Richard s’est accroché au volant pour l’après-midi. Il a fait 95 kilomètres en cinq heures, ça nous fait chacun un beau 2 piastres et demie de l’heure! Mon chauffeur pparticulier sort dans une aire de repos afin que je m’agrippe à la roue à mon tour, mais les espaces de stationnement sont déjà tous occupés. Un camion du Texas est pris sur la glace dans l’accotement. Ses deux camarades nous demandent de l’aide, ils sont là depuis quelque temps à essayer de l’extirper de la petite pente glacée. Ils veulent qu’on tire l’équipement avec des chaînes. Richard me jette un œil, et nous savons par expérience que ça ne fonctionnera pas, mais l’espoir de ses compagnons de route vient à bout de nos doutes. Richard est au volant, je descends pour voir le tableau. Les pneus du camion virent dans le beurre. Les trois comparses de fortune accrochent le tracteur à notre remorque et ils font signe à Richard d’avancer. Leur méthode me laisse perplexe. Mes craintes sont fondées : l’attache cède sous la pression de 80 000 livres. Je décide de prendre les choses en main… Je leur montre comment étendre les chaînes sous les roues de traction, ils s’exécutent en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire. Le Texan retourne à ses commandes pour réessayer. Du premier coup, il sort son camion, comme si la chaussée était dégivrée. Ils me regardent tout souriants, ébahis et impressionnés, en me claquant des « give me a five ».

— I feel Stupid!
— Thank You my friend!
— You wanna become my wife?

Les voici tout contents formant un joyeux Oreo. Sur la photo de gauche à droite, le premier biscuit au chocolat est Texan, le centre de crème est du Kentuky et la dernière couche chocolatée du Michigan. Le matin même, ces trois lurons ne se connaissaient pas du tout. Mais la tempête les a soudés et ils ont fait un petit bout de chemin ensemble. Dans cette aire de repos avec pour unique nourriture le contenu d’une machine distributrice, ils ont atteint leur quota pour la journée. Le Texan qui a l’habitude de s’arrêter au restaurant n’a rien d’autre à manger pour la soirée. Son nouveau copain du Michigan lui préparera un festin dans son four à micro-ondes. Toute la veillée, ils se raconteront leurs aventures en jouant aux cartes sans pouvoir aller plus loin. La solidarité est grande, ils nous proposent de partager un repas, mais nous avons tout ce qu’il nous faut dans notre semi-caravane. Ils poursuivront leur route jusque dans l’État de New York ensemble comme les meilleurs amis du monde. Je ne les recroiserai jamais, mais je les aurai en mémoire longtemps.

Je reprends le volant pour la soirée. Si j’arrive à parvenir dans le prochain État au Nord, je pense que nous serons tirés d’affaire. Effectivement, la situation va en s’améliorant dès que je bifurque au Nord de West Memphis, mais ça me prend tout de même cinq heures à faire 230 kilomètres. En avant toute ! On roule vers le Canada et ça ne pourra pas être pire que le verglas !

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19 février 2006

Suite des photos




















Bon un autre essai , ça dépasse, mais tant pis...Posted by Picasa

Mea culpa, Hiver je te demande pardon

L’hiver s’est fâché… Il m’a réveillé violemment de sa voix grave :

— SORTEZ DE LÀ, POULES MOUILLÉES, venez vous mesurer à moi !

Il nous faisait tanguer comme des marins dans leur hamac sur une mer en furie.

Il se rebellait contre Dame printemps apparue trop tôt et peut-être aussi un peu contre moi qui était bien heureuse hier de me vanter de son arrivée.

— Février est ma propriété ! qu’il lui a crié.

Il l’a remise à sa place. Sa mise en plis est à refaire, elle est toute pleine de poussière.

Et dans ma cabine, je me suis sentie petite. Je lui ai quand même dit d’aller hiberner, et de ne pas faire tant de boucan parce qu’il y a des gens dorment. Il a soufflé de plus belle et une nuée de sable est venu tout embrouiller. Je ne pouvais même pas voir à plus de deux mètres. J’ai pensé à une tornade. Tout de suite, j’ai démarré le moteur et j’ai couru nous abrier entre deux remorques pour éviter qu’il ne nous renverse. Je me suis rendormie, il s’est calmé.

Mea Culpa. Hier, je vous narguais avec le printemps, maintenant j’en paie le prix avec les vents violents. À votre tour de rire de moi, j’ai rangé mes sandales et remis mes espadrilles. Ma veste polaire ne suffit pas à me garder au chaud, je dois rendosser mon coupe-vent.

Ce matin, nous sommes en attente d’un nouveau chargement pour rentrer au Canada. Ça nous donne le temps pour un petit déjeuner texan dans notre restaurant favori de Laredo. On y sert les plats traditionnels du Texas. Au menu du jour ce midi, il y aura une salade de nopalitos, qui sont des cactus pelés, mais il est encore trop tôt pour en commander.

C’est toujours bondé chez Dany’s. Les gars en verts kaki, armés et badgés sont de la « border patrol». Le gars aux longs cheveux blancs, coiffé d’un chapeau de cowboy en cuir avec des tatous est un chauffeur de camion (il faut bien entretenir les préjugés ! … ;o) ), plusieurs moustachus basanés sont attablés et regardent distraitement CNN. À Laredo, la moustache n’a jamais perdu un poil de sa virilité, les bottes de cowboy sont la norme, les chemises westerns et les bolos en guise de cravate font chics. De façon naturelle, un homme pousse sa femme au fond d’un banc rembourré et s’assoit à côté comme pour la protéger, mais personne ne viendra les rejoindre pour les accompagner, ils mangeront bêtement juxtaposés.

Nous jetons aussi notre dévolu sur une banquette, mais nous faisons fi
de la tradition machiste : nous nous installons l’un en face de l’autre. La serveuse bilingue, à la jupe courte et au chemisier rose pétant comme les murs du restaurant, prend notre commande en espagnol. Elle nous apporte le café si rapidement que l’on n’a même pas le temps de feuilleter le menu. Mais nous choisissons toujours la même chose : je demande des «huevos rancheros sunny side up, con tortillas de harina y un cafe con leche fresco», Richard ses traditionnels «huevos a la mexicana». Mon plat d’œufs vient avec de la salsa, des tortillas, du jambon et des haricots rouges en purée coiffés de deux nachos maison croustillants. L’odeur de la coriandre fraiche me met en appétit. Mon compagnon se délecte de ses œufs brouillés à la salsa qu’il roule dans des galettes mexicaines faites sur place. Une panoplie de serveurs repassent toutes les minutes pour nous saouler de café. Nous repartons repus et prêts à rouler (dans tous les sens du terme !).

Il nous reste du temps pour flâner dans une boutique de ferraille à ciel ouvert. On y vend des importations du Mexique. Tout est fabriqué avec de la tôle recyclée. Sur quelques créations de fer, on peut parfois lire les inscriptions d’origines des matériaux détournés : milk fat product made in belgium et même quelques numéros de téléphone.

Quelques Don Quichote barbus aux yeux caverneux tapent du tambour; des grenouilles jouent de la flûte; des tortues, des poissons et des étoiles moirés métalliques s’oxydent à l’air libre et prennent des couleurs de rouille. Un petit Mexicain de tôle fait la sieste en sandale
s. Des poules et des coqs colorés attendent d’être achetés pour aller caqueter dans d’autres prés.

Je vous rapporte ici quelques photos, il y en aura d'autres si je réussi avec ce satané logiciel.

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16 février 2006

Madame Le printemps fait son entrée


Février, +22 degrés Celsius, autoroute 35 au sud de Dallas.

Je vous annonce que j’ai vu Madame Le Printemps ! Elle a mis quelques fleurs dans sa chevelure verte que le vent s’amuse à peigner vers l’Ouest.

Son arrivée est une cure. Elle embellit tout sur son passage. Elle allonge les journées, son valet le vent souffle et balaye la poussière. Quant à moi, j’amorce ma journée au lever du soleil vers 7 h 30 et je profite de la lumière derrière mon pare-brise. Je crème mon visage et mes mains avec une protection solaire de 40. Je préfère la blancheur de ma peau nordique aux rides prématurées des Méditerranéennes.

Les premiers crocus voient le jour dans le gazon verdissant le long des autoroutes du Texas. Je mets le cap plein Sud et la température monte à une vitesse étonnante. Les gazons verdissent doucement. Les arbres bourgeonnent, certains ont déjà des feuilles. Le soleil est radieux. Je range mes bottes d’hiver sous le lit et sors mes sandales Merrell.

L’arrivée du printemps se fait en accéléré et j’en vois les étapes à mesure que se déroule l’asphalte. Au Nord, il y avait de la neige au sol, puis le blanc a fait place au jaune du gazon, qui en quelques parallèles est devenu vert, et voilà quelques jonquilles sauvages qui s’étirent vers la lumière, puis le vert tendre repasse au jaune faute d'eau pour l'abreuver les palmiers et les cactus font leur apparition. Me voilà à Laredo.

Je roule la fenêtre ouverte et le vent est mon coiffeur. Il me fait la mise en plis « botte de foin ». De toute beauté ! Ne me manquent que la fourche, la salopette et les bottes d’eau. Que c’est rafraichissant !

J’enclenche l’air conditionné qui a une odeur de moisi faute d’avoir fonctionné pendant l’hiver.

Je vais bientôt appeler au Lac-Saint-Jean pour l’occasion :

– Salut, maman ! je t’appelle pour te dire que je fais ma fraîche en sandales dehors.


– Maudite baveuse !, me répondra-t-elle à brûle-pourpoint, regardant le banc de neige sous sa fenêtre. Il fait encore moins cinq degrés Celsius ici !


J’ai encore trois bons mois pour vous narguer. Votre printemps en sandales ne viendra qu’au mois de mai… Na na na na nan! ;o)

14 février 2006

Une vue intérieure de la table ronde des camionneurs


Toute pimpante, j’ai déambulé dans le long corridor de radio-canada. J’étais impressionnée par les reliques historiques des émissions de mon enfance, un gros hibou que j’ai déjà vu étant petite à la télé et que je vois là, en vrai, derrière sa vitrine. L’édifice est immense, 1700 employés par la société d’État et je soupçonne qu’il y en ait au moins deux fois plus pour toutes les boîtes indépendantes de production. N’entre pas là qui veut. La sécurité s’assure que les invités ont des rendez-vous confirmés. La première chaîne se trouve au rez-de-chaussé, l’accès est verrouillé mais je suis attendue. Je n’ai pas le temps d’apprécier la grande salle de nouvelle et de rédaction. Tout de suite, la jolie dame au gilet rose et aux lunettes rouges m’emmène dans le studio 93. Au passage, je remarque des dizaines de télévision ouvertes à toutes les chaînes, les clapotis des claviers, les bribes de conversations téléphoniques, une analyse politique. Ça fourmille.

Elle va vite se réinstaller à son poste qui domine les commandes techniques en parterre et le fameux studio tout vitré avec Marie-France et Hélène Pednault dedans. J’observe de côté.
Lorque que je suis arrivée au studio 93, Martine était déjà là. Michel me talonnait sans que je sache. Nous avons engagé la conversation naturellement comme nous avons l’habitude de le faire sur la route. Nous pratiquons le même métier, mais portons différents bagages.

Hélène Pednault qui venait de terminer son éditorial sur l’actualité de la semaine dernière est sortie du studio, elle cherchait son manteau. J’étais assise dessus ! Sa doudoune me servait de cale-reins… Un grand blond est arrivé en trombe avec des pages de notes. Nous pensions que c’était le dernier chauffeur pour compléter la table ronde. Mais il est allé seul, comme un habitué, rejoindre Marie-France dans son aquarium. C’était le « décrypteur » de tendance Nicolas Langelier. Je l’imaginais plutôt brun, alors j’étais surprise de voir un grand blond. Steeve est arrivé à l’heure convoquée, soit à 9 h 50 min, nous avons poursuivi la conversation et on nous a fait entrer à notre tour dans l’aquarium pendant les nouvelles.

La très rayonnante Marie-France est aussi chaleureuse en vrai que dans mes écouteurs de baladeurs sur la route. Nous avons eu quelques minutes pour nous installer.

J’ai déplacé le microphone pour mieux voir mon interlocutrice. C’était un signe « synergologique » pour mieux entrer en communication… Aussitôt, l’homme au tableau de bord plus compliqué que celui de mon camion a accouru pour le replacer quelques secondes avant que l’on entre en ondes. J’ai présumé que c’était le technicien du son. Mais c’est que la boule noire m’arrivait en plein dans les yeux ! J’ai fini par l’oublier pendant la conversation radio.

Sous le micro, dans les mains de Marie-France, j’ai entrevu ses feuilles de notes remplies de mots clés avec un code couleur bien compliqué cachant des heures de préparations pour être aussi naturelle et professionnelle en direct tous les jours. À mes yeux de néophyte, son cryptage coloré m’apparaissait comme des hiéroglyphes mystérieux.

Une telle force de concentration est hors du commun. Animer une émission quotidienne de 2 h 30 min, avec des sujets aussi variés tels que la politique, le cinéma, la littérature, le théâtre, la géopolitique, le vin, l’humour, les petits pots de crème, alouette, sans jamais perdre le fil avec des possibilités de distractions énormes de la part de ses invités qui voudraient bien poursuivre la conversation avec elle quand les micros sont fermés.

Mais le temps défile, le compteur ne peut être truqué et tout de suite, l’homme assis avec la dame en rose à l’accent subtil du Lac-St-Jean est venu nous presser gentiment de quitter le studio, parce que Marie-France entrait en ondes dans les secondes, elle a tourné la page de notre entretien et elle passe à l’autre sujet avec un aplomb. Quel dommage que nous devions quitter le studio aussi subitement ! Il n’y a pas vraiment de place pour attendre après l’émission sans en déranger le cours, ni de salle pour les invités, comme les V.I.P. à l’aéroport, alors on sort tous à la bourre, sans dire vraiment au revoir et merci.

Nous sommes tombés nez à nez avec la belle, talentueuse et timide Sophie Lorain, avec qui j’aurais aussi aimé engager une conversation, mais ce n’était pas le moment. Ça ne le sera probablement plus jamais.

Les autres m’attendaient, Martine avait un rendez-vous, Steeve recevait des appels, Michel partait le soir même sur la route. Nous étions tous ravis d’avoir fait connaissance.

Et puis j’étais un peu déçue… J’ai oublié de prendre une photo en studio. J’ai cherché une publicité d’indicatif présent comme sur les autobus pour avoir au moins la photo de Marie-France, mais en vain.

Je me suis rappelé les dizaines de camions de la société stationnés à la sortie. J’ai pensé faire une photo de groupe. Steeve a attrapé au vol un chauffeur de camion du média national. Ce fut une occasion supplémentaire de parler du métier. Celui-là même qui s’est redu à la Nouvelle-Orléans pour couvrir les ouragans. C’est aussi ça, être chauffeur. Grâce à lui, vous avez eu des images radio-canadiennes pendant les événements tragiques, et vous avez maintenant droit à notre photo ! Nous voici tous les quatre posant fièrement devant un camion de radio-canada.

Michel Patry l’homme à lunette est le plus expérimenté d’entre nous, qui fait maintenant de la courte distance pour être auprès de sa famille tous les jours ou presque. Le grand à casquette, c’est Steeve, celui qui ski et surfe jusqu’en Californie et qui profite de la vie, la brune aux cheveux bouclés, c’est moi. La petite, c’est Martine, c’est celle qui a le boulot le plus difficile d’entre nous. Celle qui roule en destination de la côte est des États-Unis avec des pertes de temps irrécupérables, celle qui traverse les douanes quasi quotidiennement, qui livre tous les jours, qui vit les pires tempêtes de l’hiver, qui peine à trouver un truck-stop sur sa route pour se reposer, se ravitailler et se doucher. C’est aussi ça le dur métier de camionneur.

Heureusement, je suis privilégiée et je m’amuse en travaillant. Le Sud-ouest américain nous permet de bien nous reposer et de choisir un endroit pour nous ravitailler quotidiennement.

Nous avons eu beaucoup de plaisir à vous parler à la radio. Nous avions tous des points de vue différents puisque nos destinations et expériences sont distinctes.

Nous nous sommes quittés précipitamment comme si la route nous attendait de nouveau.

Effectivement, la route m’attendait. Avec mon valentin, je suis en route pour Laredo au Texas. Un voyage facile, sans contrainte, qui me permettra de vous écrire plus souvent. Je me fixe comme objectif de vous écrire au moins une fois par semaine. Mais venez plus souvent, vous pourriez avoir des surprises !

Cliquez ici pour réentendre
la Table ronde des camionneurs.

09 février 2006

Petite annonce, La table ronde des camionneurs

Bonjour, nous sommes bel et bien rendus à Terrell, la langue pas trop pendue.

Le lundi 13 février à 10 h 9 min, (juste après les nouvelles de 10 h), je serai de la table ronde des camionneurs à Indicatif Présent, à la première chaîne de radio-canada. Nous serons quatre camionneurs de tout acabit qui ne nous connaissons pas. Nous vous parlerons du métier avec les questions de Marie-France Bazzo.

Si vous n’êtes pas au Canada et n’avez pas la radio Sirius, vous pourrez écouter l’émission en direct sur internet (cliquez sur Indicatif présent à gauche). Par la suite, je mettrai le lien permanent pour que vous puissiez l’écouter en rediffusion.

Si vous avez des questions, des interrogations ou des suggestions avant que j’aille en ondes, faites m’en part dans les commentaires, ça me fera plaisir d’y répondre et de les suggérer aux recherchistes.

08 février 2006

Les athlètes de l’autoroute.

Mardi, 13 h.

Le pistolet de départ a résonné. La course à relai a débuté. Non pas pour Turin mais pour Terrell au Texas.

Destination : Terrell au Texas.
Marathon de 1750 miles (2800km).
Vitesse maximale : 104 km/h
Temps à réaliser : moins de 32 heures.
Temps restant : 40 heures.


Sans plus tarder, nous embrayons et nous nous élançons sur l’autoroute comme des marathoniens. Les chevaux du moteur ruent et hennissent. Nous avons un rendez-vous au fil d’arrivée. À cinq heures, jeudi matin, nous devrons faire notre entrée au stade : on nous attend au centre de distribution. Les nuits seront courtes, le mur de la fatigue devra être surmonté.

Au départ, un obstacle nous retarde : Sylvio, notre répartiteur m’apprend que j’ai gagné à l’urino-loto. Je dois aller uriner illico pour poursuivre ma course.

Cela fait partie du jeu : les autorités américaines choisissent au hasard environ vingt pour cent de chauffeurs dans chacune des compagnies qui vont aux États-Unis. La « chance » s’est acharnée sur moi : cinq fois, j’ai été pigée en 6 ans ! Le test d’urine est d’ailleurs une qualification préalable d’embauche.

À mon départ du terminal, je dois me présenter dans un laboratoire pour uriner gaiement. Cette fois, c’est dans une station de service pour camion de Cornwall en Ontario, qu’on prendra mon échantillon. À la caisse, je me présente et on m’envoie la préposée à la collecte. Elle me reconnaît parce que nous avons déjà discuté devant un petit pot de liquide jaune. Ensemble, nous nous dirigeons vers une chambre d’hôtel transformée spécialement pour la collecte d’échantillons d’urine de chauffeur transfrontalier.

Elle remplit les papiers avec mon identité et coche les tests requis. Cette fois, un test d’alcool n’a pas été demandé par les autorités, mais sa petite machine est tellement précise qu’elle décèlerait même l’alcool d’une bouche fraîchement rincée au Scope. Elle me demande mon permis de conduire pour la forme. Elle me présente une boîte numérotée et me fait authentifier les numéros qui scelleront les échantillons. Dans la boîte, il y a 3 petits pots, elle me remet le plus gros sur lequel il y a un thermomètre. Mon urine doit être à la température du corps humain, sinon l’échantillon sera rejeté.

Dans la toilette d’une ancienne chambre d’hôtel, je dois m’exécuter. Les règles sont strictes. Les lumières de la salle de bain sont des tubes fluorescents qui dégagent moins de chaleur que le corps humain, pour éviter que les tricheurs ne fassent chauffer de l’urine empruntée. Le réservoir d’eau de la toilette est scellé pour éviter que quelqu’un ne cache je ne sais quoi ou ajoute de l’eau à son urine, les robinets du lavabo n’ont pas d’eau pour la même raison. Je ne peux même pas me laver les mains ni avant ni après.

En toute intimité dans la salle de toilette, la porte close, je m’exécute. Mon boulot terminé, j’ouvre la porte et je lui remets timidement mon pot tout chaud. Je me sens ridicule ! Son professionnalisme me rassure. Elle lit la température qui indique 37oC et l’inscrit sur le formulaire. Elle sépare ensuite l’échantillon en deux parties égales, bouche les pots et les scelle en ma présence au moyen d’étiquettes numérotées qui ont les mêmes chiffres que sur le formulaire dont elle me remet copie. Ces petits pots sont garants de mon avenir. Je les regarde partir pour Montréal où ils seront analysés dans un laboratoire indépendant. On y cherchera : cocaïne, THC, PCP, Opium et compagnie. S’ils s’avèrent positifs, je serai éliminée comme une vulgaire Ben Johnson ou une Geneviève Jeanson. Ma carrière est en jeu à chaque test.

Il n’est pas question pour un chauffeur transfrontalier de fumer, ne serait-ce qu’un bout de joint de marijuana, ni de se trouver en présence de fumeurs d’herbe invétérés, puisque même la fumée secondaire risque d’apparaître (parlez-en à Ross Rebagliati surfeur des neiges du Canada). Cette drogue dîte «douce» reste des traces pendant plus d’un mois même la fumée secondaire. Je n’ai jamais eu les résultats des analyses, ils sont envoyés directement aux autorités américaines qui les exigent pour que les chauffeurs canadiens puissent rouler dans leur pays. Je ne m’inquiète pas outre mesure de mon échantillon, je le sais vierge de toutes drogues sauf de caféine et en cas d’erreur, le deuxième échantillon pourra être revérifié (comme celui de Lance Armstrong). J’espère juste que les toxicologues ne feront pas d’erreur de manipulation. J’ai encore besoin d’un petit peu de chance…

Il n’y a plus de temps à perdre, le chronomètre égraine les minutes qui nous sont comptées. Le temps ne s’arrêtera pas avant notre arrivée. Il ne nous reste plus que quelques heures de jeu pour surmonter d’autres obstacles : le sommeil sera notre pire ennemi. Richard me passe le bâton témoin et je poursuis la route, la pédale au plancher soit 104 km/h. Les arrêts seront restreints au minimum, c’est le seul moyen d’y arriver.

Des athlètes de l’autoroute, je vous dis !

Je vous laisse, je dois me reposer pour reprendre le flambeau.

06 février 2006

Les camionneurs déménagent

Salut les copains!

C'est long... Je sais, mais on vient d'emménager dans notre nouveau condo. Et les meubles Ikea... Vous savez ce que c'est! On vient de réussir à monter un garde-robe après 3 jours de travail et 5 cerveaux ont apporté leur grain de sel pour pouvoir le réussir. C'est pire que le Sudoku!

Voilà plus de 11 jours que nous sommes en congé. C'est ça aussi la liberté.

Mais nous repartons. Bientôt.

Embarquez-vous?

Des nouvelles dans 2 ou 3 jours... Patientez, vous n'en serez que plus comblés.

Sandra