27 février 2009

Comment la lune fait des croissants?

-Cette nuit, le petit garçon est venu fendre la lune avec sa hache.

C’est ce que me racontait mon père, menteur comme je l’aime, quand on observait la lune coupée en quartier sur la grande galerie les soirs d’été. Il n’était pas un de ces menteurs couverts de honte parce que leur nez allonge, non, il était de cette catégorie de menteurs qui envoient des éclairs de magie par leurs yeux qui se mettent à pétiller comme ceux des enfants impressionnés.


Aujourd’hui, je sais bien que mon père nous menait en bateau mes frères, ma soeur et moi: à observer la ligne si fine du croissant de lune, je sais qu’elle n’a jamais pu être dégrossie à la hache! Ah! Ça non! Moi je sais. Le petit garçon n’a jamais eu de hache! Pour que la coupe de la lune soit si bien définie, il a toujours travaillé avec une scie sauteuse. C’est plus précis.


Maintenant, il faut que j’essaye de faire avaler ça à mon père, qui m’a transmis ses éclairs de magie dans les yeux, mais ses éclairs à lui sont encore plus puissants que les miens. Il viendra bientôt me voir avec maman, j’ai hâte, on va se faire un petit combat de *menteries!


*menterie = mensonge pieux sans gravité en “québécois”.

24 février 2009

Sweet Carolyn

Carolyn est la fille la plus sucrée que je n’aie jamais rencontrée. Elle sert le café dans un Starbuck de la Virginie le long de la I-95. C’est à la sortie 33 si jamais vous passez par là.

Elle a la peau lisse comme une ganache au chocolat et elle souligne ses lèvres avec du rouge framboise qui brille comme la confiture. Chocolat à la framboise, mon préféré. Avec ses cafés, elle sème la joie en soupoudrant du sucre. Savamment, elle place, comme elle seule sait le faire, un « sugar», un « honey» ou un « sweetie» et même un « kitty» à toutes les phrases. Elle sucre tous ses clients, les hommes comme les femmes, les vieux comme les enfants. Les sourires s’accrochent aux visages les plus réticents, même ses collègues de travail lui laissent la place en souriant. Comment ne pas être tentée par toutes les gâteries qu’offre son comptoir? Carolyn étend ses mots comme de la tartinade de chocolat aux noisettes, alors je me donne comme un bon pain! C’est réconfortant et je prends tout les yeux fermés en respirant un grand coup pour humer ses paroles sucrées. Le café n’aura jamais été aussi savoureux!

20 février 2009

Les olives de Lorenzo


Lorenzo a le teint du miel ambré et le corps trapu d’un olivier. Au premier croisement de regards, ses yeux m’intimident tellement la couleur verte comme les olives d’Espagne est rare pour un Hispano-américain. Nous sommes curieux, lui, de me voir reculer un camion plus gros que le sien, et moi, de savoir d’où il vient avec son vieux rafiot que l’on décharge de petits fruits pendant qu’on me charge les miens.

Je m’adresse à lui en anglais pour la forme, mais je lis la détresse dans ses yeux. Il ne comprend rien de rien. Alors, je lui sors mon espagnol imparfait. La magie opère et soudainement ses olives se mettent à briller! Les barrières tombent, la glace craque. Il s’emballe et me parle comme si j’étais une Cubaine pure laine. Son langage me rappelle celui des Andalous, comme eux, il avale quelques syllabes en parlant, mais il est aussi Cubain que les meilleurs cigares!

À cette personne qui m’a un jour demandée : — à quoi ça va te servir l’Espagnol? T’en as pas besoin au Québec pour travailler! Comment expliquer l’impalpable à quelqu’un de replié sur lui-même et qui porte et portera des oeillères toute sa vie? Aujourd’hui, j’aurais aimé lui faire voir combien l’Espagnol a apaisé la détresse des yeux de Lorenzo instantanément; j’aurai aimé lui montrer ses olives se mettre à briller; j’aurais aimé qu’elle entende la joie de cet immigrant de pouvoir parler à quelqu’un d’inabordable à cause d’une barrière langagière.


La langue est une clé qui ouvre les portes sur un monde inaccessible à ceux qui ne la possèdent pas. Avec l’Espagnol, c’est tout un pan de culture qui s’offre à moi, ne me reste qu’à le saisir.


Depuis son arrivée à Miami, il y a quatre ans, Lorenzo n’a pas eu l’occasion de se familiariser avec les rudiments de l’Anglais, car ici, il peut vivre uniquement en espagnol. Pas le temps d’aller à l’école pour apprendre la langue de son nouveau pays, quatre bouches comptent sur lui, sa femme et ses trois petits qui sont venus avec lui. Ses héritiers parlent maintenant « l’américain » qu’il me dit avec une fierté palpable. Sa fille, la première des quatre, a déjà de 19 ans et elle est retournée à Cuba.


— Mais t’as l’air si jeune pour avoir quatre enfants, dont une de 19 ans! Que edad tienes?

— Tengo 34!


Il a le même âge que moi, et il pourrait être grand-père! Deux chauffeurs de camion, deux existences si différentes. Tout nous sépare, mais le métier nous réunit. Je me surprends à réfléchir à tous ceux qui roulent près de moi sur la route, combien de millions de vies uniques?


— Je croyais que c’était difficile d’immigrer aux États-Unis, surtout de Cuba!

—Es muy difficile, pero gane a la loteria!

— Quoi? T’as gagné ta citoyenneté à la loterie?

— Pues si, cada ano, 20 000 Cubanos son eligibles a fuir la pobresidad.

— Alors, tu fais partie des 20 000 chanceux qui chaque année peuvent émigrer vers « la terre des opportunités » et fuir la pauvreté! Incroyable, je ne savais pas que ça se faisait par tirage au sort. Une vie qui dépend de la loterie. Et comment va Fidel?

— Castro es loco, deja su pueblo morir de ambre, hay tan pobresidad, jamas podrias imaginarte.

— C’est bien ce que je craignais, Castro est fou, il laisse son peuple mourir de faim pendant qu’il se meurt.


Je n’aurai pas le temps d’en connaitre plus sur lui.


Richard lui lance sa phrase classique qui le dépanne à tout coup dans un pays hispanophone :

— Una cerveza por favor


Nous éclatons de rire tous les trois! Si seulement nous avions eu le temps d’en prendre une fraiche avec un lime, sous le soleil de la Floride.


On vient dire à Lorenzo que sa remorque est vide.


— Que tengan suerte! Qu’il nous lance.
— Toi aussi Lorenzo, bonnes chances!
Très vite, il est reparti poursuivre son chemin et nous, nous avons entamé le retour vers le Canada avec nos baies. Tant de choses nous aurions eu à nous raconter!

Adios Lorenzo! Adios!

15 février 2009

Pierrot le Vagabond Céleste pour la St-Valentin

Spécialement pour les camionneurs, pour la St-Valentin avec un jour de retard, (c'est fréquent chez les camionneurs de rater les occasions de fêter) mais aussi, pour vous tous qui passez ici pour voyager un brin.

Écoutez la chanson de Pierrot, le vagabond céleste. Un homme tellement inspirant! Un rêveur comme il ne s'en fait plus. Détonne tellement avec les "star académiciens" de ce monde!
Il a tout vendu et est devenu vagabond pour écrire des chansons.

La chanson du camionneur est vraiment très émouvante. Il était en entrevue à Radio-Canada de Sept-Iles, il y a déjà quelques mois, je l'avais capté sur Sirius et en balado-diffusion. Si vous écoutez toute l'entrevue, vous aurez droit aussi à In-the-Wall. Toutes ses chansons sont de petites histoires, des poèmes, des fragments du présent, simple et tellement beau dans ses yeux, c'est un interprète qui incarne ses textes, ça s'entend.

(photo prise sur le blogue d'Empreinte de Claude Demers)

Il est suivi par son ami Claude Demers qui témoigne des périples son copain Pierrot le Vagabond.
Vous me direz ce que vous en pensez. Est-ce qu'il me touche parce qu'il parle des camionneurs?

ajout:
pour toutes les chansons de Pierrot à venir, c'est ici.

Ah, si les mures avaient des oreilles et les bleuets une langue!

Vendredi le 13 février, Miami, Floride.

Déjà onze jours qu’on a arraché les bleuets de leur arbrisseau dans un champ chilien. Depuis, ils ont vogué sur le Pacifique en longeant la côte sud-américaine, traversé le canal de Panama et puis la mer des Caraïbes en tanguant tout paquetés dans leurs barquettes de plastique transparent. Mais du voyage, ils n’ont rien vu, non, car ils dormaient profondément. Près de leur bleuetière natale, dès que les portes de l’étanche conteneur se sont refermées sur eux, vite on les a endormis avec un gaz qui leur a fait croire qu’il n’avait pas quitté leur branche. Point de murissement avant d’avoir touché terre. Aucun effluve de bleuets sucrés ne se dégagera du bateau chilien.

Dans un autre coin du continent, au Mexique, poussaient des mures au soleil de février. Leur histoire est presque la même, mis à part qu’elles sont parties en voyage à bord d’un camion sans jamais voir la mer. Par la route, elles ont contourné le golfe du Mexique, en traversant tout le Texas, la Louisiane, le Mississippi, la Géorgie, pour redescendre jusqu’en Floride. Un périple de cinq jours à dormir au gaz.

C’est dans un entrepôt de Miami, où l’on porte des vêtements contre le froid même quand il fait 25 degrés que les tout petits fruits ont commencé à s’éveiller. Les dodus bleuets ont rencontré les non moins fraiches et pimpantes mures, même après plusieurs jours d’existence. Dans ma remorque ils se sont collés, palette contre palette et à mesure que leur gaz de dormance s’évapore, ils exhalent leur parfum fruité. Quand je vérifie leur température, qui doit être maintenue à 36 degrés Fahrenheit, je prends une bonne bouffée d’air sucré aux bleuets. Les mures quant à elles, se laissent toujours désirer, c’est dans leur nature. Nous parcourrons 1600 miles avant de les mener à destination, sans compter les 350 que nous avons faits à vide.


Si vous voulez les voir, ils seront chez Costco de St-Bruno dès lundi matin, encore frais pour la semaine, même après 14 jours de voyage. Quand vous en ferez éclater un sous vos dents et que le jus se répandra sur vos papilles, fermez les yeux, vous ferez un long voyage.

Où vont les saisons? Elles roulent à bord de camions. Je transporte un bout de l’été chilien vers l’hiver canadien. Tous ces kilomètres pour pouvoir manger des bleuets frais en février me laissent un petit gout amer. Les mois d’hiver me semblent plus sombres malgré toute la couleur de ces généreuses baies, comme s’il n’y avait pas qu’elles qui étaient endormies au gaz.

12 février 2009

Oranges ou pamblemousses?

Cécile prend des oranges, Véronique les deux et moi je me garde le gars devant.

Je ne sais pas si c'est cher payé à 8$us pour les pamplemousses et à 10$ pour les oranges, Max le fruitier nous a fait goûter et tout était hyper sucré.

Nous attendons un retour, mais nous ne savons pas quoi encore. Nous sommes à SanAugustine en Floride.

04 février 2009

Idée de coupe de cheveux

Martine se cherchait des idées de coupe de cheveux cette semaine, en voici une pour toi:

Je suis certaine que ça t'irais comme un pic! Avec une touche de rose comme ce cactus, ça serait génial!


J'y songe moi aussi, vous croyez que ça m'irais bien? ;c)

Se brosser avec un cactus


Avant de reprendre le chemin du nord et du froid, j'ai pris la peine de me brosser au cactus. À bientôt, et vous en faites pas, je vois bien la route quand même...

01 février 2009

Think big. Wal-Mart le séducteur

Je vous parlais dans mon dernier billet, du Wal-Mart « architectural », le plus beau jamais vu… Depuis 10 ans, j’ai vu cette méga-entreprise prendre une expansion épidémique. D’abord, sachez que les « Wal-Mart supercenter » sont ouverts 24 heures par jour dans tous les États-Unis. On y retrouve tout ce que vous pouvez imaginer dans un grand magasin, mais en plus, ils sont pourvus d’un méga-marché d’alimentation. Pour nous, camionneurs à l’alimentation aussi défaillante que l’horaire, c’est l’un des seuls endroits où l’on peut aller avec nos semi-remorques pour s’acheter quelque chose à manger de bon pour la santé. Santé? Peut-être ne savez-vous pas qu’on peut y acheter des aliments biologiques autant que l’on a envie : fruits et légumes frais, repas préparés, laits, yogourts, céréales. Que des aliments qui me satisfont sans jamais avoir le sentiment de devoir me priver de ce qui me plait vraiment en alimentation (mis à part les pestos de la maison LeGrand et les produits Québécois, mais je suis tout de même à 5000 km de chez moi!). Certains diront qu’on peut aussi y acheter de la malbouffe, les rayons en sont pleins, mais ce n’est pas pire que dans le supermarché près de chez vous.

Ici particulièrement, ce qui m’a surtout séduite, ce sont les efforts de WM pour plaire aux habitants de Brawley en Californie. Je ne saurais dire s’ils y ont été forcés par les autorités municipales ou bien s’ils l’ont fait de leur propre chef, mais ce WM n’a rien à voir avec l’allure habituelle si déprimante des mégas magasins gris. En effet, on a coupé la façade monotone de l’entrepôt de quelques maisons inspirées du style typique du Sud-ouest américain. On n’a pas lésiné pour employer des matières locales : briques beige clair comme sur les maisons environnantes, toiture de tuiles rouge en terre cuite. On a aussi ajouté des poutres de bois ornementales, des corniches, des porches avec des arches pour s’abrier du soleil, de mignons petits volets trompant l’œil et on a peint aux couleurs pimpantes du Sud-ouest dans les tons d’ocres et de bourgogne pour briser la monotonie. Toute cette façade décorative a été ajustée à l’ampleur du magasin, de sorte qu’il parait moins imposant, faisant tout de même un bon kilomètre ou deux de périmètre (selon mon estimation, corrigez-moi si vous avez l’info).

màj: http://www.canadianbusiness.com/innovation/article.jsp?content=20070305_102453_4688


En ce qui concerne l’aménagement paysagé, on y est allé avec des plantes adaptées au sol de la région donc virtuellement sans entretien et sans besoin d’arroser : palmier ananas, platebandes de romarin odoriférant, ilots d’arbres sur tout le stationnement. On a aussi pensé aux piétons et aux non-voyants en encadrant le magasin d’une bande jaune texturée, bien sentie quand on y met un pied (comme dans le métro de Montréal).


À l’intérieur, tout est semblable aux autres grands magasins ou épiceries, mis à part le sol recouvert d’un matériau brun clair, brisant la monotonie du blanc à l’infini des trop grands espaces et ajoutant un peu de chaleur. La lumière est naturelle, littéralement! Il n’y a presque pas de lumière artificielle et le sentiment oppressant de perdre la lumière du jour, si chère à nos yeux nordiques, a disparu avec les puits de lumière donnant directement sur le ciel. D’ailleurs, quand un nuage passe, on voit tous les clients lever les yeux vers le plafond! J’avais d’ailleurs lu à ce sujet, dans un livre de David Suzuki, que les puits de lumière dans les WM sont une idée qu’ils mettent en applications depuis quelques années, selon les plans d’un architecte écolo dont je ne me souviens plus du nom (aidez-moi!). Cet architecte embauché par WM avait prévu des plans pour qu’après la durée de vie pratique des magasins (25-30 ans), les bâtiments puissent être démantelés facilement et faire des habitations et même des logements sociaux (ça fait trop longtemps que je l’ai lu, et je n’ai pas de référence sur la route pour vérifier, mais ça m’avait vraiment surprise, il faut que je retrouve ce passage écrit par David Suzuki).


Les WM et les grandes surfaces sont malheureusement là pour rester, alors autant les faire beaux, avec un grand souci d’harmonie et en pensant à la durabilité et à l’économie d’énergie pour une plus grande satisfaction de la population plutôt que de faire lever ses boucliers. WM est un chef, il suffit qu’il se mette à devenir meilleur pour que ses concurrents emboitent le pas : comme d’obliger les fournisseurs à réduire leur emballage; à concentrer les produits pour réduire le transport; à faire des puits de lumière pour économiser l’énergie. Si on met de la pression sur ce gros détaillant, les choses vont changer dans toute l’Amérique. WM a tellement de pouvoir, il suffit de bien l’utiliser. À nous aussi, consommateurs et citoyens à insuffler un peu de morale au capitalisme. Alors, si jamais, dans vos municipalités, on veut vous imposer un affreux grand magasin, qui ne va pas absolument pas avec l’environnement local, qui n’a aucun souci d’économie d’énergie (parce que l’énergie au Québec, c’est quasiment donné), si jamais on veut vous infliger de la tôle beige ou gris-drabe parce que ça coute moins cher, vous saurez citer cet exemple de magasin ayant fait des efforts pour plaire aux citoyens et s’harmoniser avec l’architecture environnante. Nos épiceries et pharmacies auraient intérêts à suivre cet exemple, n’en déplaise aux détracteurs de Wal-Mart. Think big!

màj 2: j'ai visé juste avec l'architecture homogénéisée, Wal-Mart veut séduire, j'ai trouvé plein d'articles. Ça fait du bien de savoir que tout ce qui se construira à l'avenir ne sera pas qu'horreur.

Marcher dans la sécheresse, ou la sécheresse du marché

Brawley, Californie. 29 janvier 2009

J’ai marché sur un chemin de terre aride extra sec le long d’un champ de luzerne, j’ai rencontré une pépinière à l’abandon.
Au loin, un pickup Ford blanc vient lentement vers moi soulevant la poussière. Il ouvre sa fenêtre sans arrogance dans l’attitude, avec un air plutôt sympathique. Son sourire immaculé resplendit et ses yeux bleus brillent autant que le soleil. Il porte ses cheveux gris très courts, ce qui lui donne l’allure de sortir de l’armée. Je suis l’intruse sur son sol alors je m’exprime en premier : — « Je suis camionneuse, j’attends des brocolis pour m’en retourner au Canada » et je lui pointe la direction de mon camion qu’on distingue à peine derrière moi, à l’entrepôt réfrigéré, le voisin d’à côté.
Il m’explique qu’il a fermé sa pépinière depuis un an et qu’elle est à vendre, mais elle ne trouve pas preneur. Il a peut-être vu en moi l’espoir d’une acheteuse d’où cet air sympathique. Il me dit en riant qu’il se cherche un vrai emploi, sans pudeur, sans blessure à l’estime de soi. Tout s’en est allé au Mexique qu’il me dit, le salaire minimum a trop augmenté et ça coutait trop cher d’embaucher.


Ce gars vient de m’avouer candidement qu’il est au bord de la faillite et il a toujours l’air de ne pas s’en faire avec la vie, il respire la confiance en lui au volant de son Ford. J’ai souvent été fascinée de ce trait culturel constaté chez pas mal d’Américains : cette confiance inébranlable en leurs propres moyens, ce détachement face aux difficultés, tout le contraire de l’apitoiement. Compter sur soi en premier, pas sur l’État. Accepter comme une loi de la nature, la loi de la jungle sauvage du marché.


Je constate les ruines de ce que furent jadis ses serres prospères, tout est laissé en friche. Des palmiers en pot agonisent et pour certains il est déjà trop tard. Quelques plantes indigènes plantées à même le sol survivront et se reproduiront à même les ruines. La loi de la nature demeure tout de même plus forte que celle du
marché.

Je l’ai laissé en lui souhaitant bonne chance.
Tellement.

La désolation s’est installée dans ce coin de Brawley, avec, à quelques kilomètres, le plus beau Wal-Mart « architectural » jamais vu. Il est ouvert 24heures, et entre autres, il vend des plantes et des fleurs. Mais de là à faire un lien de cause à effet… Lui, ne semble jamais l’avoir fait.