19 juin 2006

Le ciel de la honte


Atterrante journée d'été. Je vois Toronto sous son vrai jour, ces édifices de béton et de verre si jolis la nuit sont tristes et ternes dans ce cadre pollué. Les milliards de feuilles vertes n'arrivent pas à égayer le paysage. Le ciel est couvert d'un voile de honte. Il fait trop chaud pour être bien dehors. L'air est vicié et chaque fois que je respire, je m'empoisonne un peu plus. Mes poumons se serrent et silent. Les nantis, du haut de leur penthouse, ne sont plus à l'abri, ils ont une vue privilégiée sur le ciel trouble reflétant notre capitalisme outrancier, leur jetant l'opprobre en plein visage. Et dire que moi, dans mon gros camion, j'ai livré des pneus pour les H3 en Louisiane! Je me jette la première pierre, une parcelle de ce ciel de honte m'appartient aussi. Honte aux acheteurs de Hummer! Honte aux conducteurs de 4x4 citadins! Le déshonneur nous couvre tous aujourd'hui, il est là, planant sur nos têtes. Tous les gestes comptent, quoi qu'en disent les cyniques. Vous saviez que l'être humain a du mouton dans l'âme? Il finit toujours par imiter son voisin. Soyez le voisin modèle à imiter, celui qui a la plus petite voiture ou qui n'en a pas, celui qui prend le transport en commun, celui qui fait ces courses à vélo, celui qui... je vous laisse imaginer. Respirez une grande bouffée de notre air vicié en pensant à tout ça. Et qu'une bonne crise d'asthme réveille les géants pollueurs, Rona Ambrose et Stephen Harper. J'espère toutefois qu'ils n'attendront pas de rire comme Charlemagne avant d'agir en gouvernement responsable et visionnaire!

J'ai écrit ce texte sur la 401, qui, samedi et dimanche, en était à son premier avertissement de smog de la saison. Le corridor Montréal-Windsor est le plus densément peuplé au Canada et est de plus en plus souvent recouvert d'une épaisse fumée grise causée par les activités « inhumaines ». Maintenant, nous faisons une petite escale à Memphis le temps d'un ravitaillement. Memphis est plutôt gris aujourd'hui, et je mets le poste 13 sur Sirius pour réjouir l'habitacle de la voix d'Elvis toujours vivant selon eux (Elvis lives here on Sirius 13!) . Demain, nous toucherons Laredo.

8 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour Sandra,

J'endosse complètement les propos que tu viens de tenir dans « cet encore très beau texte »! D'ailleurs, tu dois t'en souvenir, au début du printemps,j'avais écrit quelque chose à ce sujet.

Dans un autre désordre d'idée, il fait présentement 39° ( 103 F (?))à Laredo. On prévoit un mince 31° demain.

Bonne route!

André.

Anonyme a dit...

Bonjour Sandra,

Depuis votre passage à Bazzo, je vous suis régulièrement -- pas tous les jours--, en fait, ça fait déjà un bail que je vous ai pas réquentée, mais je dois dire que vous m'ouvrez sur un monde que ne connaissais pas.

Entre autres textes récents, celui sur le smog à Toronto m'a touchée. J'étais à Toronto au milieu des années 80. À cette époque, ce n'était pas une réalité à Montréal. Maintenant, ce l'est. Et non seulement à Montréal, mais aussi à Québec, chose impensable il y a quelques années. Il paraît que le 18 juin, on y a battu les record de chaleur de 1955... Il n'y a pas de quoi se péter les bretelles.

Continuez à nous donner de vos nouvelles et à nous faire parvenir, avec votre écriture si vivante, vos impressions des pays, villes , villages, autoroutes et routes que vous traversez.

Beaucoup d'humanité dans vos textes, et aussi beaucoup de réalité.

Merci et bonne route!

Marie-France

Anonyme a dit...

Oh! Sandra, tu viens d'avoir de la grande visite! Voilà un geste vraiment très, très sympathique. Tu dois avoir fait bonne impression...

Anonyme a dit...

Très, très beau journal, félicitations et bonne route!
Bize

Anonyme a dit...

Sandra,

Tout à l'heure, j'ai relu tes derniers textes: quelles chroniques! De toute beauté. C'est ce que j'appelle une écriture vivante, rythmée et captivante. Et les phrases qui coulent! Vraiment, les « Molière » « Racine » et « Corneille » en toi s'affirment de plus en plus et là, je ne blague pas, sois-en assurée. Dans ton cas, l'intelligence, on ne la sent pas, elle est évidente.

En fait, tu me surprends toujours, à chacune de tes publications, ce qui est assez agréable dans cette blogosphère trop souvent froide et vide de sens. Après quelques mois de fréquentation des blogues, l'étonnement, le plaisir et le goût de bloguer cèdent facilemnent la place à un certain essoufflement, voire à un désappointement par rapport à ce que j'appellerais « la bloguerie »! Mais grâce à toi et, aussi, à quelques autres, le blogue garde-t-il non seulement tout son intérêt, son utilité, mais aussi ce qui devrait s'avérer sa raison d'être. Alors,

À ton prochain texte,

André.

Anonyme a dit...

Sandra,

J'allais oublier: Bon été!

André.

Anonyme a dit...

Quand tu vas a Laredo tu passes par la I35 ou bien par la 10 (Houston). Si c'est par Austin, regarde a ta droite juste apres la sortie 230, tu verras ou j'habite. :)

Bonne route...

Anonyme a dit...

Bravo encore !

Maintenant, je vois des Hummer à Montréal. Ça me donne envie de hurler ! C'est vraiment une honte.