16 décembre 2005

Au menu ce matin: flocons de neige








Ce matin à Windsor avant de traverser la frontière de Detroit.




Le jeudi 15 décembre

Hier soir, tandis que j’ai laissé la remorque à Toronto, Richard en a repris une autre pour la Géorgie. Ce matin, je me réveille au bord de la frontière avec une heure de retard. Richard a tenté de me réveiller à 3 heures 30 ce matin pour la franchir, mais je n’ai pas eu le courage de me lever. Il faut dire que je m’étais endormie vers 1 heure 30. Je commence à ressentir la fatigue, mais je n’ai pas le droit de me plaindre pour ne pas saper le moral de l’équipe. À 9 heures, c’est moi qui dois le réveiller pour traverser les douanes américaines. Il y a cinq ans, quand l’un de nous dormait, nous pouvions traverser aux États-Unis, mais plus maintenant. Il nous demande systématiquement s’il y a quelqu’un d’autre à bord même quand nous sommes tous les deux assis à l’avant. Je conduis pour franchir la frontière, Richard à mes côtés cheveux hirsutes et visage bouffi. J’aurai honte de vous montrer notre photo ce matin, disons qu’à nous deux, nous formons un couple de débraillé parfaitement assorti… Cette nuit, Richard a télécopié tous les papiers au courtier en douanes en y collant un code à barres. Ce matin, le douanier, comme un caissier à l’épicerie, balaye le code avec son lecteur optique et trouve facilement notre chargement dans son ordinateur. Voilà ! Nous passons aux États-Unis avec facilité.

Dès la frontière passée, Richard s’effondre sur le lit pour poursuivre sa nuit de sommeil tandis que je traverse la tempête du Michigan et de l’Ohio. Cette fois, c’est de la neige et les ponts sont glissants. De toute façon, dans ces deux États, la vitesse pour un camion est limitée à 55 mph (88 km/heures). Je roule à la vitesse permise avec la prudence nécessaire dans ces conditions. À un moment, mon tracteur se met à patiner et je vois la remorque se replier lentement comme un portefeuille, mon cœur s’accélère subitement. Les mises en portefeuille sont la plus grande peur de tous les chauffeurs. L’hiver me rappelle sa présence. Je reprends le contrôle très vite en relâchant le régulateur de vitesse. D’autres n’ont pas eu cette chance, ils font maintenant partie du décor. Encore une fois, la route n’est pas de tout repos.

Je cède le siège de pilotage à Dayton en Ohio. Déjà, la tempête est moins vive. Richard franchit la frontière du Kentucky où la limite de vitesse est de 65 mph. C’est exactement la limite de vitesse de tous les camions de notre compagnie. Quoi ? Vous pensiez que les camions roulaient tous comme des fous ? Oui ! oui ! Je vous ai entendus sur les lignes ouvertes quand vous disiez que les camionneurs sont des fous au volant ! Hélas ! Comme parmi vous, chauffeurs de quatre roues, quelques-uns sont des chauffards. Mais désormais, sachez que près de 80 % des camions que vous croisez en chemin sont limités à une vitesse de moins de 110 km/h, dont certains, à 90 km/h. Vous comprendrez maintenant pourquoi ça prend du temps quand un camion essaye d’en dépasser un autre ! S'il vous plaît, un peu d’empathie pour nous quand vous appelez sur les lignes ouvertes ! Et n’oubliez pas : nous sommes des professionnels de la route, 300 000 km par année, ça fait rentrer le métier !

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bon, je tâcherai d'y penser à ce limitateur de vitesse que je verrai un camion en doubler un autre.