Yuma Arizona. Jeudi 5 mars 2009
— « Croutche! ».
La salade crie « croutche » quand je lui plante mon thermomètre dans le cœur. Pour les 55 prochaines heures, on prendra soin que vos icebergs ni ne gèlent, ni ne flétrissent. Vos laitues couleur de glacier seront maintenues entre 34 et 38 degrés. Je lis 37 degrés sur le thermomètre, c’est parfait, vous les aimerez et elles « croutcheront » bien sous vos dents, mais si j’étais vous, j’enlèverais les premières feuilles : c’est un voyage en vrac et elles ne sont pas protégées individuellement sauf dans une méga boite de carton.
— « Croutche! »
a hurlé mon genou, quand j’ai atterri les deux pieds sur le sol, en descendant de la remorque. Le gauche a flanché. Tout ça pour des icebergs! Moi qui n’en achète jamais. Ça n’a pas fait mal tout de suite, mais quand j’ai essayé de marcher, je me suis effondrée et j’ai pleuré. J’avais 53 pieds à marcher jusqu’à la cabine et j’étais incapable, trop douloureux. Un chauffeur a beuglé et frappé sur le camion pour réveiller Richard en catastrophe. Quand mon coéquipier de vie a repris ses esprits, il a bien évalué le niveau d’urgence en me questionnant: ma douleur irradiait, mais je savais que je n’en mourrais pas car je ne suis pas un homme! ;c) Comme il n’y avait pas de place de stationnement au truckstop de Yuma et qu’on ne pouvait le mettre nulle part, ce gros camion, Richard a tenté le coup pour l’hôpital. Muni de son super GPS, il a repéré l’hôpital le plus près. (C’est promis je ne le ridiculiserai plus jamais ton GPS, Richard. Je répète en boucle : « -ce n’est pas un gadget, ce n’est pas un gadget, ce n’est pas un gadget ») et il a transformé le semi-remorque en ambulance, rien de moins.
10 minutes plus tard, sur le boulevard en face de l’urgence, mon chauffeur d’ambulance est descendu pour chercher un fauteuil roulant, mais il est vite revenu avec une camionnette de sécurité qui nous a escortés directement à l’entrée : encore mieux que dans un hôtel de 5 étoiles! Ah! Ces Américains, ils « think big » pas à peu près! La rampe d’urgence a la capacité d’accueillir les semi-remorques chargé de 20 tonnes de laitue!
On m’attendait déjà avec un fauteuil et l’on m’a fait rouler les quelques mètres qu’il restait jusqu’au triage. Il n’y a pas même pas de salle d’attente à l’urgence, tout est trop vite!
Cruchtes.
C’est ce que le médecin de l’urgence de Yuma m’a prescrit. Je ne savais pas ce que c’était. Je l’ai appris sur le champ, quand l’infirmière m’a apporté des béquilles et une attèle pour le genou qui faisait « croutche croutche » quand on m’installait les velcros.
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Depuis plus d’une semaine déjà, je suis en arrêt de travail pour une durée indéterminée. Ça me donne l’occasion de faire plein de trucs qui trainaient dans mon ordinateur, comme de retravailler sur de vieux textes. Je marche péniblement, mais ça va. Je vous tiens au courant et j’attends le printemps comme vous, mais en boitant un peu.
17 commentaires:
Zut! par définition c'est bête les accidents. Descendre du camion, tu as fait cela tellement souvent... pourquoi ça et pourquoi là? il y a pas de raison, voilà.
Prends bien soin de toi quand même... c'est le temps d'exagérer pour te faire dorloter ( c'est si peu fréquent qu'il faut en profiter).
Et bien j'espere que tu te remetra assez vite de cette cascade involontaire , et qu en attendant le printemps tu puisse un peu profité de ces moment creux qui nous manque tellement a nous routier
bon courage et bon voyage
bon rétablissement
/se croise les doigts pour que ça ne soit pas de l'avoir mise en lien chez elle la semaine dernière qui a occasionné ce coup du sort/
Que c'est bête, on fait le même geste pendant des années et un jour : tak !
C'est tout de même pas toi qui a ramené les salades ? Comment vous vous êtes organisés ?
Lucie
Par solidarité, je bannie les laitues Iceberg de mon alimentation! (Bon, ok, ce sera facile, je n'en achète jamais moi non plus!;-)
Oups ! Pour avoir eu une rupture des ligaments croisés du genoux gauche et une entorse grave du genoux droit et de la cheville droite...
Je peux comprendre ta douleur ! Bon rétablissement...
Je m'en remettrai... J'ai un ami physio qui m'a dit huit semaine. 8 semaines! C'est long. On verra d'ici vendredi.
Moumouk, pas de raison voilà! Je vais suivre ton conseil et exagérer sur la dorlotterie. D'ailleurs c'est déjà commencé, j,exige que tous les hommes m'ouvent la porte. (et même les ptits vieux ;c) )
CJTRR, c'est vrai, c'est le temps des remises en question et de ratrapper le temps perdu avec les amis et la famille.
Dodinette, décroise tes doigts, c'est pas toi c'est la iceberg! ;c) Merci pour le lien!
Touchatou, merci, j'ai pu conduire en forçant le genou, faut dire que je n'utilise pas tellement la pédale d'embrayage et débrayage, je montais et descendais du camion en béquille et je demandais de l'aide pour transporter mon café quand Richard dormait. Il n'était pas question que je reste sur place! Nous avions 2 jours à conduire. J'ai pris pas mal d'Ibuprofène pour soulager.
MJ, Ouais, la iceberg, on la boycotte! (Même au resto!)
;c)
Ah au moins une chose de positive ces Américains: il ne 'niaisent' pas avec le puck... Hi hi hi
Repose-toi bien, et profites des 'ouvertures' de porte par les messieurs... C'est devenu plutôt rare la galanterie! Ciao...
La salade ne fait pas qu'engraisser, elle brise les genoux...
Bientôt des avertissements de Santé Canada sur tous les emballages de salade...
Peux-tu encore conduire??????
Désolé pour toi.
Ouille ouille ouille, ça doit faire très mal... bon courage à toi...
Récupère bien et profite de cette pause inattendue...
Zut!
J'espère que tu vas profiter de ce repos forcé pour nous écrire de bonnes chroniques comme on les aime. J'adore ton style plein de fraîcheur et fier de ce que tu fais. Tu as bien raison et je te suis avec joie dans les pérégrination de camionneuse.
Ecris-nous encore...
Un petit tour sur ton blog suite à un encart dans le journal électronique de "Le Monde" de ce matin. Content, car je croyais ton Blog clos et désolé pour les genoux qui lâchent. Bon rétablissement !
Je vais revenir sur ce blog, découvert ce matin grâce au lien dans mon journal favori Le Monde. Courage et bon repos quand même ! Un simple gravillon sur lequel mon pied a tourné en descendant de voiture et j'ai moi aussi connu des semaines de genou luxé. Essayez donc de mettre le couvert pour 8 avec des béquilles...;0)
Salut Sandra,je viens juste de te lire(il était temps).Moi aussi j'ai deja eu le ""bonheur"d'être hospitalise en Floride,mais pour une diverticulite aigu.Nous,nous avions pu détachée la remorque au truck stop le plus proche.
Comme tu dis il n'y a pas eu de temps d'attente.Au triage tout de suite et couchée tout de suite sur une civière et on a commence a me soigne tout de suite. Hospitalisée vers 18h00 et sortie vers minuit avec antibiotique pour revenir au Quebec.
Ginette
Bon courage et rétablis toi avant que les laitues n'atteignent 30°C :)
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