Il pleut en Illinois. Pourtant, une légère couche de neige recouvre les champs. Le thermomètre de mon rétroviseur indique le point de congélation. Mais le sol est bel et bien mouillé, pas de glace à l’horizon. Nous sommes toujours en direction du Canada, c’est donc dire que ça pourrait geler à tout moment à mesure que nous avancerons. Je redouble d’attention pour déceler du verglas. Je me concentre sur la route comme jamais, je garde le contrôle de l’accélérateur avec mon pied en oubliant le régulateur de vitesse.
L’hiver me dévoile sa face sombre. Sous son manteau immaculé, enjoleur avec sa blancheur, se cache de sournois dangers. Un moment d’inattention et il vous passe un sapin. Il en a passé des dizaines cette nuit. Un camion est complètement renversé sur le côté, je ne vois que ses 18 roues. Deux autres ont le nez dans le champ et devront compter sur une dépanneuse pour les dégager de là. J’ai compté 12 voitures sorties de la route.
Le sillon de bruine produit par le passage d’un pneu, m’indique que l’adhérence est bonne. L’absence de ce sillon est présage de glace noire, notre ennemi juré. Le vent fort siffle dans ma porte, comme pour me rappeler qu’il est là, prêt à me dérouter. Il hurle à grand coup, je ne m’entends plus penser. Des rangées d’arbres de chaque côté de la route me donne parfois un petit répit. Si j’échappe le volant, l’accotement glacé pourra me faire prendre le décor. J’ai peine à garder l’attirail entre les deux lignes.
En roulant, de la glace se forme sur mes miroirs. Heureusement, les épandeuses ont impeccablement accompli leur travail. Le sel est mon salut, il empêche l’eau de se solidifier et mon camion adhère sans fautes à la chaussée.
La bruine sous les roues est toujours présente et me rassure. Je ne la quitterai pas des yeux pour les 5 prochaines heures. Un excès de confiance peut nous être fatal.
Nous livrerons la remorque ce soir vers 22 heures à Toronto. Un autre voyage nous attend, cette fois il nous mènera jusqu’en Géorgie.
Nous livrerons la remorque ce soir vers 22 heures à Toronto. Un autre voyage nous attend, cette fois il nous mènera jusqu’en Géorgie.
Je cède le volant à Richard pour l’après-midi, épuisée mentalement. Je vous l’avais dit, que l’hiver était sournois !
6 commentaires:
Je t'aurai bien à la frontière va.
On revient toujours à son nid.
Attention à la neige.
Ton nid il est où? Ça faut une semaine que je cherche!
J'ai un vieil ami (moi aussi je travaille en équipe) qui me guide.
Il a un paquet de trucs sur son ordi, le logiciel Google Earth, entre autres, ce qui lui permet de te suivre avec quelques indices, le nom d'une ville ou le numéro d'une route, par exemple.....Il dit qu'il arrive presque à voir ton gros camion,mais là je ne le crois pas,,,c'est pour ça que je suis là,,,il te localise en gros et moi je fais le reste,,,
Bonjour à vous deux. Je vous ai découvert via Indicatif Présent que j'écoute le soir en rediffusion tout en furetant sur mon ordi. J'ai lu plusieurs pages de votre blog. bravo, ca me fait penser un peu à mon père qui était aussi camionneur et avec qui j'ai fait des voyages nocturnes il y a déjà plusieurs années(1965-66)
Bonne route
F.Côté, Alma
Vraiment passionnant. Une écriture vivante que nous avons lu, Bibiane et moi, avec frénésie. Bravo. Nous sommes de nouveaux routiers depuis 2003, mais d'un poids léger, si on compare. Nouveaux retraités, nous voyageons avec une fifth wheels et un "petit" camion F250 (très gros pour moi qui n'a jamais conduit de camion de sa vie!) Nous avons découvert la compagnie de camionneurs sur nos routes et dans les truck stop. Nous avons nous aussi quelques bonnes expériences à raconter. Bravo pour votre blog.
Jean-Guy
Bonjour à Jean-Guy et Bibiane
Et aussi Bonjour à F.Côté,
merci pour vos commentaires, c'est très précieux
Sandra
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